BUT Posté(e) 18 avril Auteur Signaler Posté(e) 18 avril Et si l’on regarde toutes les photos de Mélanophlogite de Fortullino, on constate que la rugosité des globules - quantifiable par le rapport de la hauteur des écailles au diamètre du globule - varie de presque zéro (globule lisse, où la présence d’aspérités n’est trahie que par un éclat satiné) à environ 0,5 (agrégat grossièrement sphéroïdal de cubes à peine plus petits que le globule). Voyez en particulier les photos entrées par Enrico Bonacina et Marco Bonifazi. Citer
phoscorite Posté(e) 18 avril Signaler Posté(e) 18 avril Suis pas si bon que ca pour chercher dans mindat, mais je vois l'idée. Je vois aussi pas mal de trémies, i.e. des terminaisons echelonnées, qui ressemblent plus a ce que je vois en lame mince. Citer
phoscorite Posté(e) 19 avril Signaler Posté(e) 19 avril Dernier round sur les silicifications dans le bois fossile de Malvesi. J'essaye de documenter sans interpréter les relations entre l'histoire de la silicification, la morphologie des surfaces de croissance et l'orientation des cristaux/fibres dans les couches successives. Pour chaque série de détails de la structure, j'ai superposé à l'image une cartographie des orientations optiques telle que je peux la reconstituer d'après les positions d'extinction (en LPA) et leur signe optique (avec la lame additionnelle). Dans cette cartographie, les flèches doubles indiquent la direction de l'indice maximum, en 2D, c'est à dire la projection de Ng (le grand axe de l’ellipsoïde local) sur le plan de la lame mince ; pour un quartz, cela équivaut à la projection de l'axe c. Les couleurs attribuées aux flèches correspondent à des plages d'orientations distinctes. N’hésitez pas à me faire préciser ce mode de représentation si c'est trop abstrait. Commençons par un détail d'une photo antérieure dans laquelle il y a trois horizons superposés, avec des textures différentes : Une vue plus précise et annotée de la partie haute fov 0.4 mm ; il y a une écharde de bois en haut à gauche on voit successivement de droite à gauche - deux grandes plages orientées presque a angle droit - une bande magenta continue (couleur de la lame additionnelle seule) dans laquelle l'extinction est presque horizontale - des plages plus petites à gauche ou alternent les orientations, mais qui restent en phase avec celles de la plage de droite Sur la vue annotée en LPNA, on distingue une limite de croissance en marches d'escaliers ; de part et d'autre de cette limite, le relief est différent, la bande magenta ayant un relief plus bas (indice plus faible) que ce qu'il y a à droite et à gauche (NB: ça ne se voit pas sur la photo, il faut faire varier la mise au point pour apprécier le déplacement de la frange de Becke). Cela signifie que la bande magenta est minéralogiquement différente (moins ordonnée). Autre cas comparable, avec également une frange d'orientation uniforme coincée entre des zones de croissance à orientations alternées. Cette fois, on voit le gypse au centre (plage continue presque éteinte en LPA, magenta avec la lame additionnelle) et j'ai annoté un détail de la partie haute fov 0.2 0.4 mm Les terminaisons des cristaux (de quartz, je présume) en contact avec le gypse (résiduel) ont toujours cet aspect en créneaux ou alternent les orientations. Même observation sur celui-ci fov 0.3*0.5mm, le gypse est en haut et on voit bien la différence de relief avec le quartz. avec les annotations NB : l'axe c (ou sa projection) est toujours peu ou prou dans la bissectrice des pointes. Les faces exprimées se trouvent toujours dans la pyramide, on ne voit jamais les faces parallèles à l'axe c Je vous laisse phosphorer sur l'architecture en 3D Dernier cas, similaire, mais que je trouve assez esthétique, et toujours au contact du gypse, le dernier stade de croissance, semble-t-il : fov 0.4*0.7 mm avec les annotations sur la vue en LPNA Ici, il est assez clair que le fragment de bois a servi de germe. Citer
BUT Posté(e) 19 avril Auteur Signaler Posté(e) 19 avril La disposition des axes des Quartz rappelle la structure des "gitter Quartz" des germanophones ("lattice Quartz" des anglo-saxons; et en français me direz-vous ?). Pour les gitter-Quartz, la structure est souvent contrôlée par une épitaxie sur un cristal de feldspath maclé Baveno à section carrée, présent ou disparu. Dans le cas présent, pas de feldspath... Citer
phoscorite Posté(e) 19 avril Signaler Posté(e) 19 avril il y a une heure, BUT a dit : pas de feldspath... et pas de face parallèle a l'axe c non plus. Mais on subodore que l'orientation n'est pas due au hasard, peut-etre un substrat à symétrie pseudocubique ? Citer
otto lidenbrock Posté(e) 22 avril Signaler Posté(e) 22 avril Je crois que la melanophlogite est stabilisée par le soufre. C'est donc une épigénie calcédoine / melanophlogite. Manifestement la melanophlogite cristallise à très faible pression et relativement haute température. Sur le sujet : Virgil Ghiurca, La calcédoine bleue de Triesta (Roumanie), Mineraux et Fossiles, 1992;197:7-12 Citer
BUT Posté(e) 24 avril Auteur Signaler Posté(e) 24 avril Merci Otto. Je vais chercher l'article. Citer
phoscorite Posté(e) Dimanche à 07:31 Signaler Posté(e) Dimanche à 07:31 Le 22/04/2025 à 13:34, otto lidenbrock a dit : Je crois que la melanophlogite est stabilisée par le soufre. Peut être le sulfate entre-t-il préférentiellement dans les cages de la structure ? Citer
otto lidenbrock Posté(e) Dimanche à 08:53 Signaler Posté(e) Dimanche à 08:53 il y a une heure, phoscorite a dit : Peut être le sulfate entre-t-il préférentiellement dans les cages de la structure ? Je n'ai pas la réponse savante sous la main. L'oxyde de silicium possède des capacités physiques assez stupéfiantes dont la plus évidente est la calcédoine et ses fibres. Les arrangements acrobatiques des molécules de silice ont très souvent besoin d'un dopant, comme on le voit pour l'opale. La mélanophlogite est un minéral discret qui n'invite pas facilement aux méditations savantes. J'en veux pour preuve Pont-du-Château où elle est longtemps passée complètement en dessous des écrans radar. Citer
BUT Posté(e) Dimanche à 13:39 Auteur Signaler Posté(e) Dimanche à 13:39 Il y a 5 heures, otto lidenbrock a dit : Les arrangements acrobatiques des molécules de silice ont très souvent besoin d'un dopant, comme on le voit pour l'opale. Oui, ce que j'appelais - plus haut dans la discussion - des "catalyseurs cristallographiques" : molécules organiques, soufre, peut-être également bactéries ? Les uns n'excluant pas les autres. Il y a 5 heures, otto lidenbrock a dit : La mélanophlogite est un minéral discret qui n'invite pas facilement aux méditations savantes. J'en veux pour preuve Pont-du-Château où elle est longtemps passée complètement en dessous des écrans radar. Encore aujourd'hui, à titre d'exemple, l'article consacré à la Mine des Rois de Dallet par l'ENS Lyon, sur le site "PlanetTerre", ne mentionne pas la Mélanophlogite. Pour autant cet article, qui appelle à un sauvetage de cette mine abandonnée, reste fort intéressant. J'ai eu la chance d'y faire une courte et très partielle visite étant petit, il y a juste soixante ans, et j'en garde un souvenir très fort. Le 22/04/2025 à 13:34, otto lidenbrock a dit : Je crois que la melanophlogite est stabilisée par le soufre. Il y a 6 heures, phoscorite a dit : Peut être le sulfate entre-t-il préférentiellement dans les cages de la structure ? Georges Friedel a écrit sur ce sujet. Ce sont deux articles assez anciens qu'on peut consulter librement sur Persée : - Sur la Mélanophlogite (1891) - Sur une nouvelle publication relative à la Mélanophlogite (1892). Il explique en substance qu'après avoir réduit le minéral en poudre et l'avoir grillé, pour faire partir les molécules organiques, l'analyse pondérale du reliquat ne montre plus que de la silice et de l'anhydride sulfurique (SO3), dans des pourcentages complémentaires modulo 100. Les gisements de Mélanophlogite sont principalement: - des solfatare et gisements de soufre (Sicile), - des évaporites (Malvesi), - des serpentinites altérées (Fortullino, Mont Hamilton en Californie). Dans ce tableau, la mine des Rois fait figure d'exception et la présence de Mélanophlogite dans cette mine mériterait en effet d'être plus amplement étudiée. En tout cas les hydrocarbures pouvaient fournir soufre et matière organique. Citer
phoscorite Posté(e) Dimanche à 14:00 Signaler Posté(e) Dimanche à 14:00 il y a 19 minutes, BUT a dit : des évaporites (Malvesi) Pas encore, on en est au stade du soupçon. Mais il y a du S natif a Malvesi. Sur le contexte géologique, je ne perçois pas trop de règle. Pour la relation avec S natif, il faudrait préciser de quel type de S on parle. Celui des solfatares est lié au volcanisme, celui des évaporites est lié a l'activité bactérienne, à la dégradation de la matière organique (reduction bacterienne des sulfates). Il y a les deux en Sicile. Un type lié aux ultrabasites, c'est encore autre chose. Bref, je vois surtout des exceptions dans ce tableau, pas tellement la regle. Citer
phoscorite Posté(e) Dimanche à 15:09 Signaler Posté(e) Dimanche à 15:09 Suite des calcédoines en oreillettes de Malvesi (11), sur fond de gypse. Avec quelques améliorations de mes photos au micro de poche par @alex.tre C'est tout luminescent bleu ciel. Citer
phoscorite Posté(e) Dimanche à 15:28 Signaler Posté(e) Dimanche à 15:28 Il y a 7 heures, phoscorite a dit : Peut être le sulfate entre-t-il préférentiellement dans les cages de la structure ? Il semblerait que non, cf PhD Daniela D’Alessio (2018) ; CH4, CO2, H2S, N2 and recently S2 were reported as guest species in the cages NB : c'est la meme liste que pour les hydrates de gaz. Citer
AMEDE Posté(e) Dimanche à 17:57 Signaler Posté(e) Dimanche à 17:57 Il y a 4 heures, BUT a dit : Dans ce tableau, la mine des Rois fait figure d'exception et la présence de Mélanophlogite dans cette mine mériterait en effet d'être plus amplement étudiée. En tout cas les hydrocarbures pouvaient fournir soufre et matière organique. En Limagne il y a quand même des strates d'évaporites en profondeur, avec de la halite et du gypse, ça a été touché par sondage il me semble. Certes, je ne crois pas que des évaporites aient été trouvée à Dallet (je connais mal de toute manière ...) mais il me semble qu'on peut soupçonner un contexte plus au moins évaporitique pour la mélanophlogite. Ce qui est plus étonnant, si on part sur une origine sédimentaire, est la pseudomorphose en lussatite, qui elle, est due à des circulations hydrothermales. Alors peut être que la mélanophlogite a en commun cette origine avec la lussatite ? PS: dès que j'ai le hors série su RM sur la lussatite sous la main je regarde ce qu'ils y disent sur la mélanophlogite. Citer
phoscorite Posté(e) hier à 13:22 Signaler Posté(e) hier à 13:22 Le 22/04/2025 à 13:34, otto lidenbrock a dit : Sur le sujet : Virgil Ghiurca, La calcédoine bleue de Triesta (Roumanie), Mineraux et Fossiles, 1992;197:7-12 NB: dans ce papier, la mélanophlogite est envisagée, mais l'interprétation retenue est la pseudomorphose de fluorite. Citer
otto lidenbrock Posté(e) il y a 20 heures Signaler Posté(e) il y a 20 heures Il y a 4 heures, phoscorite a dit : NB: dans ce papier, la mélanophlogite est envisagée, mais l'interprétation retenue est la pseudomorphose de fluorite. Yes mais c'est le premier à l'envisager. Ce qui est maintenant une évidence pour ce qui est Pont du Château. Citer
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