Et si ce n'était pas un feldspath ?
ci-dessous, le cas de la Milarite, cyclosilicate aux propriétés singulières, proche du verre (indice de réfraction, densité, dureté, couleur, clivage, ... Et oui, cela existe aussi...
(on a pas encore le "bip" sortit des ronces !)
Juste une rareté de plus "crachée" par les volcans !
http://www.crg-dug.fr/Pierres%20peu%20Courantes.htm
Une très curieuse pierre taillée en rectangle de 1,66 carats nous a été soumise récemment par notre collègue Lejeune, de Charleville-Mézières. La personne qui la lui a vendue, dans un hôtel de Tananarive, ne semblait pas en connaître la nature exacte, bien qu'il ait pu penser à une orthose gemme, bien connue des lapidaires de la Grande Ile, mais avec ici une couleur jaune un peu pâlotte.
Un passage rapide au réfractomètre et en liqueur dense pouvait d'ailleurs confirmer cette première idée et faire penser à un feldspath.
Cependant, en examinant cette pierre plus attentivement, on s'aperçoit qu'elle présente en réalité un caractère isotrope avec un indice de réfraction unique et égal à 1,53 et quelle que soit sa position sur la fenêtre du réfractomètre. Sous le polariscope, le minéral révèle une forte anisotropie anormale se traduisant par une large bande axiale polarisant en bleu et en jaune, bordée de stries noirâtres disposées en arêtes de poisson et bien en relief sur un fond anisotrope apparemment normal.
Les minéraux présentant de telles anomalies de biréfringence, en secteurs colorés aussi nets, sont très rares et ne sont guère représentés que par la vésuvianite et l'apophyllite. Et, bien qu'il soit rarement taillé, c'est bien à ce dernier minéral que nous avons pensé, compte tenu de son caractère pseudo isotrope, de son indice de 1,53 et de sa densité voisine de 2,53.
Cependant, l'absence totale de clivages à éclat nacré, généralement très caractéristiques de l'apophyllite, nous a incité à effectuer un contrôle à la sonde FT Raman qui, en réalité, nous a fourni un spectre de Milarite tout à fait comparable à celui d'un échantillon de référence provenant du massif des Grisons en Suisse. La composition chimique du minéral a ensuite été confirmée par une analyse faite au MEB.
A noter que cette pierre taillée présente également des inclusions de type tout à fait inhabituel, sous forme de fibres flexueuses dispersées d'une manière quelconque au sein du minéral. Leur diamètre est généralement inférieur au micron et leur longueur avoisine les 2 à 3 millimètres. Ces fibres, qui en réalité pourraient être des tubes, renferment de courtes inclusions paraissant liquides, disposées en chapelet et donnant à l'ensemble un aspect hélicoïdal.
Enfin, signalons que ce minéral présente une faible fluorescence jaunâtre aux ultra-violets à ondes longues. Par contre, sous les ondes courtes, la fluorescence est plus vive et s'accompagne d'une nette et longue phosphorescence.
A notre connaissance, c'est la première fois que la milarite est signalée à Madagascar. Et, bien que nous n'ayons eu que peu d'occasions jusqu'à présent d'examiner ce minéral de collection au hasard des bourses minéralogiques, c'est également la première fois qu'il nous est permis d'y observer de telles anomalies.