cascaillou Posté(e) 2 octobre 2013 Signaler Partager Posté(e) 2 octobre 2013 Je propose de partager ici des extraits d'oeuvres litteraires, tous les styles sont bienvenus. Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
cascaillou Posté(e) 2 octobre 2013 Auteur Signaler Partager Posté(e) 2 octobre 2013 L'horloge Horloge ! dieu sinistre, effrayant, impassible, Dont le doigt nous menace et nous dit : " Souviens-toi ! Les vibrantes Douleurs dans ton coeur plein d'effroi Se planteront bientôt comme dans une cible, Le plaisir vaporeux fuira vers l'horizon Ainsi qu'une sylphide au fond de la coulisse ; Chaque instant te dévore un morceau du délice A chaque homme accordé pour toute sa saison. Trois mille six cents fois par heure, la Seconde Chuchote : Souviens-toi ! - Rapide, avec sa voix D'insecte, Maintenant dit : Je suis Autrefois, Et j'ai pompé ta vie avec ma trompe immonde ! Remember ! Souviens-toi, prodigue ! Esto memor ! (Mon gosier de métal parle toutes les langues.) Les minutes, mortel folâtre, sont des gangues Qu'il ne faut pas lâcher sans en extraire l'or ! Souviens-toi que le Temps est un joueur avide Qui gagne sans tricher, à tout coup ! c'est la loi. Le jour décroît ; la nuit augmente, souviens-toi ! Le gouffre a toujours soif ; la clepsydre se vide. Tantôt sonnera l'heure où le divin Hasard, Où l'auguste Vertu, ton épouse encor vierge, Où le repentir même (oh ! la dernière auberge !), Où tout te dira : Meurs, vieux lâche ! il est trop tard ! " Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal, 1857 Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
cascaillou Posté(e) 2 octobre 2013 Auteur Signaler Partager Posté(e) 2 octobre 2013 Au fin fond du désert d'Arabie gît la Cité sans Nom, délabrée et défigurée, ses remparts peu élevés enfouis sous le sable accumulé par les siècles. Telle était-elle sans doute, dès avant la fondation de Memphis, alors que les briques de Babylone n'étaient pas encore cuites. Il n'y a pas de légende assez ancienne pour révéler son nom, ou évoquer le temps de sa gloire, mais on en parle autour des feux de camp et sous la tente des cheikhs et les aïeules parfois y font allusion ; aussi toutes les tribus s'en écartent-elles, sans trop savoir pourquoi. C'est d'elle qu'avait rêvé une nuit Abdul Alhazred, le poète fou, avant de composer ces vers énigmatiques : N'est pas mort ce qui à jamais dort Et au long des siècles peut mourir même la mort J'aurais dû savoir que les Arabes avaient de bonnes raisons pour se détourner de la Cité sans Nom, la cité connue par d'étranges récits, mais que nul mortel n'avait vue. Pourtant je les bravai, et m'en allai à dos de chameau dans le désert vierge. Moi seul y suis allé et c'est pourquoi aucun visage que le mien ne porte les stigmates d'une peur aussi hideuse ; c'est pourquoi je suis seul à frémir la nuit, quand le vent ébranle les fenêtres. Lorsque j'arrivai à la Cité sans Nom, au clair de lune, elle semblait me regarder, dans le calme de son sommeil éternel, froide dans la chaleur du désert. Howard Philips Lovecraft, La Cité sans Nom (extrait), 1921 Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Kayou Posté(e) 2 octobre 2013 Signaler Partager Posté(e) 2 octobre 2013 http://www.etudes-litteraires.com/forum/topic492-quel-est-le-poeme-le-plus-court-dans-la-litterature-francaise-p7.html A propos de: Quel est le poème le plus court dans la littérature française ? Citation ci-après d'un message extrait du forum littéraire sus-cité: si certains se posent encore la question de la signification du poème Chantre d'Apollinaire, voici l'interprétation que je [Arthur Dylan] propose : ChantreEt l'unique cordeau des trompettes marines. D'après notre ami Robert, la TROMPETTE MARINE (1670) est un ancien instrument à archet, composé d'une table d'harmonie sur laquelle est tendue une corde. C'est donc une sorte de violon avec une seule et unique corde. Toujours d'après ce brave petit Robert, un CORDEAU est une petite corde qu'on tend entre deux points pour tracer une ligne droite, aligner. Nous trouvons donc la notion de corde, et même de corde unique, dans les deux termes principaux du poème. Mais quelle est donc la clef de l'énigme ? La réponse est dans le titre. Il faut lire ce poème avec son titre. Chantre - Et l'unique cordeau des trompettes marines Phonétiquement parlant, cela donne (le "e" de ChantrE étant élidé) : Chantré l'unique cordeau des trompettes marines En lisant le poème ainsi, le début du vers ressemble étrangement au mot Chanterelle. Apollinaire fait ici un calembour basé sur l'homonymie entre Chantre et l' et Chanterelle. Et qu'est-ce qu'une chanterelle ? Demandons à Robert, qui nous répond simplement :Chanterelle : corde la plus aiguë d'un instrument à corde et à manche. La trompette marine n'ayant qu'une seule et unique corde, cette corde porte forcément le nom de Chanterelle. Et voilà, le poème d'Apollinaire est en fait une définition Chanterelle : unique cordeau des trompettes marines. CQFD. Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Invité Blackbird Posté(e) 18 octobre 2013 Signaler Partager Posté(e) 18 octobre 2013 Est-ce ainsi que les hommes vivent Tout est affaire de décor Changer de lit changer de corps À quoi bon puisque c'est encore Moi qui moi-même me trahis Moi qui me traîne et m'éparpille Et mon ombre se déshabille Dans les bras semblables des filles Où j'ai cru trouver un pays. Coeur léger coeur changeant coeur lourd Le temps de rêver est bien court Que faut-il faire de mes nuits Que faut-il faire de mes jours Je n'avais amour ni demeure Nulle part où je vive ou meure Je passais comme la rumeur Je m'endormais comme le bruit. C'était un temps déraisonnable On avait mis les morts à table On faisait des châteaux de sable On prenait les loups pour des chiens Tout changeait de pôle et d'épaule La pièce était-elle ou non drôle Moi si j'y tenais mal mon rôle C'était de n'y comprendre rien Est-ce ainsi que les hommes vivent Et leurs baisers au loin les suivent Dans le quartier Hohenzollern Entre La Sarre et les casernes Comme les fleurs de la luzerne Fleurissaient les seins de Lola Elle avait un coeur d'hirondelle Sur le canapé du bordel Je venais m'allonger près d'elle Dans les hoquets du pianola. Le ciel était gris de nuages Il y volait des oies sauvages Qui criaient la mort au passage Au-dessus des maisons des quais Je les voyais par la fenêtre Leur chant triste entrait dans mon être Et je croyais y reconnaître Du Rainer Maria Rilke. Est-ce ainsi que les hommes vivent Et leurs baisers au loin les suivent. Elle était brune elle était blanche Ses cheveux tombaient sur ses hanches Et la semaine et le dimanche Elle ouvrait à tous ses bras nus Elle avait des yeux de faÏence Elle travaillait avec vaillance Pour un artilleur de Mayence Qui n'en est jamais revenu. Il est d'autres soldats en ville Et la nuit montent les civils Remets du rimmel à tes cils Lola qui t'en iras bientôt Encore un verre de liqueur Ce fut en avril à cinq heures Au petit jour que dans ton coeur Un dragon plongea son couteau Est-ce ainsi que les hommes vivent Et leurs baisers au loin les suivent Louis ARAGON http://www.youtube.com/watch?v=743SLm7azKY Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Invité Blackbird Posté(e) 12 novembre 2013 Signaler Partager Posté(e) 12 novembre 2013 Il Bacio Baiser ! rose trémière au jardin des caresses ! Vif accompagnement sur le clavier des dents Des doux refrains qu’Amour chante en les cœurs ardents Avec sa voix d’archange aux langueurs charmeresses ! Sonore et gracieux Baiser, divin Baiser ! Volupté nonpareille, ivresse inénarrable ! Salut ! l’homme, penché sur ta coupe adorable, S’y grise d’un bonheur qu’il ne sait épuiser. Comme le vin du Rhin et comme la musique, Tu consoles et tu berces, et le chagrin Expire avec la moue en ton pli purpurin ... Qu’un plus grand, Goethe ou Will, te dresse un vers classique. Moi, je ne puis, chétif trouvère de Paris, T’offrir que ce bouquet de strophes enfantines : Sois bénin et, pour prix, sur les lèvres mutines D’Une que je connais, Baiser, descends, et ris. Paul VERLAINE Poèmes saturniens Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
duquesnoy Posté(e) 12 novembre 2013 Signaler Partager Posté(e) 12 novembre 2013 Le dormeur du val C'est un trou de verdure où chante une rivière,Accrochant follement aux herbes des haillonsD'argent ; où le soleil, de la montagne fière,Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant commeSourirait un enfant malade, il fait un somme :Nature, berce-le chaudement : il a froid.Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit. Rimbaud , mon poète préféré , j'adore quasiment tout ce qu'il a fait .Dans un style différent , j'aime aussi les livres des philosophes grecs et des Lumières. Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Invité Blackbird Posté(e) 12 novembre 2013 Signaler Partager Posté(e) 12 novembre 2013 Excellent choix... C'est un très beau poème c'est aussi un de mes préféré... http://www.youtube.com/watch?v=XB0syDqa2aY En 1870 le soldats de l'Infanterie Française étaient vêtus d'une capote bleue et d'un pantalon garance... autant dire de très belles cibles pour l'ennemi... qui malheureusement n'avait que l'embarras du choix puisque les officiers eux, outre la veste bleue et le pantalon garance, portaient en bandoulière sur la poitrine, comme le règlement de l'époque l'exigeait, leur caban bleu doublé intérieurement de garance... la partie garance extérieure... Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Kayou Posté(e) 13 mars 2020 Signaler Partager Posté(e) 13 mars 2020 Ah ! C'est pas d'aujourd'hui... Jean de LA FONTAINE 1621 - 1695 Les Animaux malades de la peste Un mal qui répand la terreur, Mal que le Ciel en sa fureur Inventa pour punir les crimes de la terre, La Peste (puisqu'il faut l'appeler par son nom) Capable d'enrichir en un jour l'Achéron, Faisait aux animaux la guerre. Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Michel de Champigny Posté(e) 13 mars 2020 Signaler Partager Posté(e) 13 mars 2020 Il y a 5 heures, Kayou a dit : Ah ! C'est pas d'aujourd'hui... Et la morale non plus: Selon que vous serez puissant ou misérable Les jugements de Cour vous rendront blanc ou noir Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Kayou Posté(e) 22 mars 2020 Signaler Partager Posté(e) 22 mars 2020 Je suis sorti pour le pain et un peu de marche...dans un patelin désert, mais la boulangère était au rendez-vous, avec ses beaux gants bleus et son sourire radieux. Pas de voitures, à peine vu passer un vélo chevauché par un sportif rebelle,... Des oiseaux surpris mais "serins", même les pies...les pies serinent. Les cerisiers pétalent à fond... Un air pur, mais les pins pollinisent l'atmosphère -qui s'aventure dans nos poumons...faudrait-il porter un masque?- alors qu'ils feraient mieux de cibler les pommes (pas osé écrire c^...). Et je me suis pris à repenser à ce bouquin d'Alan Weisman: "Homo disparitus". [ "Regardez le monde actuel autour de vous.Votre maison, votre ville. Les terres alentour, le macadam et le sol qu'il recouvre. Ne touchez à rien, contentez-vous d'extraire les êtres humains. Et voyez ce qui reste."][Un reportage exceptionnel sur le souvenir que l'univers gardera de nous...] Allez, bonne journée ! Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Kayou Posté(e) 31 mars 2020 Signaler Partager Posté(e) 31 mars 2020 Un peu de lecture: À quoi servent les virus, dans la nature...(et ce lien ouvre sur plein d'autres sujets, y compris la géologie...) http://www.astrosurf.com/luxorion/bio-role-virus-evolution.htm Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Kayou Posté(e) 16 avril 2020 Signaler Partager Posté(e) 16 avril 2020 Toujours à propos de virus... je relis du Barjavel: Le grand secret (édité en 1973 en Presses Pocket). Un virus qui donne une maladie contagieuse: L'Immortalité ! Et au passage un hommage à Luis Sepùlveda, mort aujourd'hui 16.04.2020 à Oviedo en Espagne, du coronavirus. Te echaremos de menos. Ecrivain Chilien, connu par exemple pour son remarquable "Un viejo que leia novelas de amor" (Le Vieux qui lisait des romans d'amour). Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Kayou Posté(e) 7 janvier 2023 Signaler Partager Posté(e) 7 janvier 2023 Roger Caillois, La Lecture des pierres | Muséum national d'Histoire naturelle (mnhn.fr) Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Kayou Posté(e) 6 avril 2023 Signaler Partager Posté(e) 6 avril 2023 À lire, comme un formidable antidote aux renoncements d'aujourd'hui. De Bruno Doucey: Pablo Neruda, NON à l'Humanité Naufragée. (Actes Sud junior, collection "Ceux qui ont dit NON") Où il est question des "Migrants". Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
alkimik Posté(e) 7 avril 2023 Signaler Partager Posté(e) 7 avril 2023 un article (en anglais) à propos du photographe Renger-Patzsch et notamment de son travail sur les roches pour le livre Rock (Gestein) https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/1467-8365.12696 Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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