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Bourse minéraux Sainte Marie aux Mines 2024, avec fossiles et gemmes.
Bourse minéraux et fossiles de Sainte Marie aux Mines (Alsace) - 26>30 juin 2024

Dans ma boule de cristal, j'ai vu...


Messages recommandés

Bonsoir à tous,

Un petit texte à lire et méditer...

"La journée d'Enzo 3 septembre 2012:

Enzo est assis à sa place, parmi ses 32 camarades de CP. Il porte la vieille blouse de son frère, éculée, tachée, un peu grande. Celle de Jean Emilien, au premier rang, est toute neuve et porte le logo d'une grande marque.

La maîtresse parle, mais il a du mal à l'entendre, du fond de la classe. Trop de bruit. La maîtresse est une remplaçante, une dame en retraite qui vient remplacer leur maîtresse en congé maternité. Il ne se souvient pas plus de son nom qu'elle se souvient du sien. Sa maîtresse a fait la rentrée il y a 3 semaines, puis est partie en congés. La vieille dame de 65 ans est là depuis lundi, elle est un peu sourde, mais gentille. Plus gentille que l'intérimaire avant elle, il sentait le vin et criait fort. Puis il expliquait mal.

Du coup Enzo ne comprend pas pourquoi B et A font BA, mais pas dans BANC ni dans BAIE ; ni la soustraction ; ni pourquoi il doit connaître toutes les dates des croisades.

On l'a mis sur la liste des élèves en difficulté, car il a raté sa première évaluation.

Il devra rester de 12h Ä, 12h30 pour le soutien. Sans doute aussi aux vacances. Hier, il avait du mal à écouter la vieille dame pendant le soutien ; son ventre gargouillait.

Quand il est arrivé à la cantine, il ne restait que du pain. Il l'a mangé sous le préau avec ceux dont les parents ne peuvent déjà plus payer la cantine.

Il a commencé l'école l'an dernier, à 5 ans. L'école maternelle n'est plus obligatoire, c'est un choix des mairies, et la mairie de son village ne pouvait pas payer pour maintenir une école. Son cousin Brice a eu plus de chance ; il est allé à l'école à 3 ans mais ses parents ont dû payer. La sieste, l'accueil et le goûter n'existent plus, place à la morale, à l'alphabet ; il faut vouvoyer les adultes, obéir, ne pas parler et apprendre à se débrouiller seul pour les habits et les toilettes : pas assez de personnel.

Les enseignants, mal payés par la commune, gèrent leurs quarante élèves chacun comme une garderie.

L'école privée en face a une vraie maternelle, mais seuls les riches y ont accès.

Mais Brice a moins de mal, malgré tout, à comprendre les règles de l'école et ses leçons de CP. En plus, le soir il va à des cours particuliers, car ses parents ne peuvent pas l'aider pour les devoirs, ils font trop d'heures supplémentaires.

Mais Enzo a toujours plus de chance que son voisin Kévin ; il doit se lever plus tôt et livrer les journaux avant de venir à l'école, pour aider son grand- père qui n'a presque plus de retraite.

Enzo est au fond de la classe. La chaise à coté de lui est vide. Son ami Saïd est parti, son père a été expulsé le lendemain du jour où le directeur (un gendarme en retraite choisi par le maire) a rentré le dossier de Saïd dans Base élèves. Il ne reviendra jamais. Enzo n'oubliera jamais son ami pleurant dans le fourgon de la police,) à coté de son père menotté. Il paraît qu'il n'avait pas de papiers...

Enzo fait très attention : chaque matin il met du papier dans son cartable, dans le sac de sa maman et dans celui de son frère.

Du fond, Enzo ne voit pas très bien le tableau. Il est trop loin, et il a besoin de lunettes. Mais les lunettes ne sont plus remboursées. Il faut payer l'assurance, et ses parents n'ont pas les moyens. L'an prochain Enzo devra prendre le bus pour aller à l'école. Il devra se lever plus tôt. Et rentrer plus tard. L'EPEP (Etablissements publics d'enseignement primaire) qui gère son école a décidé de regrouper les CP dans le village voisin, pour économiser un poste d'enseignant. Ils seront 36 par classe. Que des garçons. Les filles sont dans une autre école.

Enzo se demande si après le CM2 il ira au collège ou, comme son grand frère Théo, en centre de préformation professionnelle. Peut-être que les cours en atelier sont moins ennuyeux que toutes ces leçons à apprendre par coeur. Mais sa mère dit qu'il n'y a plus de travail, que ça ne sert à rien. Le père d'Enzo a dû aller travailler en Roumanie, l'usine est partie là -bas. Il ne l'a pas vu depuis des mois. La délocalisation, ça s'appelle à cause de la mondialisation. Pourtant la vieille dame disait hier que c'était très bien la mondialisation, que ça apportait de la richesse. Ils sont fous, ces Roumains !

Il lui tarde la récréation. Il retrouvera Cathy, la jeune soeur de maman. Elle fait sa deuxième année de stage pour être maîtresse d'école, dans la classe de Monsieur Luc. Il remplace Monsieur Jacques, qui a été renvoyé, car il avait fait grève. On dit que c'était un syndicaliste qui faisait de la pédagogie. Il y avait aussi madame Paulette en CP ; elle apprenait à lire aux enfants avec de vrais livres ; un inspecteur venait régulièrement la gronder ; elle a fini par démissionner. Cathy a les yeux cernés : le soir elle est serveuse dans un café car sa formation n'est pas payée. Elle dit : « A 28 ans et bac +5, servir des bières le soir, faire classe la journée, c'est épuisant». Surtout qu'elle dort dans un salon chez Enzo, elle n'a pas assez d'argent pour se payer un loyer.

Après la récréation, il y a le cours de religion et de morale avec l'abbé Georges. Il faut lui réciter la vie de Jeanne d'Arc et les dix commandements par coeur. C'est lui qui organise le voyage scolaire à Lourdes, à Pâques. Sauf pour ceux qui seront convoqués pour le soutien.

- Enzo se demande pourquoi il est là ,

- Pourquoi Saïd a dû partir,

- Pourquoi Cathy et sa mère pleurent la nuit,

- Pourquoi et comment les usines s'en vont en emportant le travail,

- Pourquoi ils sont si nombreux en classe,

- Pourquoi il n'a pas une maîtresse toute l'année,

- Pourquoi il devra prendre le bus,

- Pourquoi il passe ses vacances à faire des stages,

- Pourquoi on le punit ainsi,

- Pourquoi il n'a pas de lunettes,

- Pourquoi il a faim.

Projection basée sur les textes actuels, les expérimentations en cours et les annonces du gouvernement trouvées sur le net."

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Bonsoir à tous,

Un petit texte à lire et méditer...

"La journée d'Enzo 3 septembre 2012:

Enzo est assis à sa place, parmi ses 32 camarades de CP. Il porte la vieille blouse de son frère, éculée, tachée, un peu grande. Celle de Jean Emilien, au premier rang, est toute neuve et porte le logo d'une grande marque.

La maîtresse parle, mais il a du mal à l'entendre, du fond de la classe. Trop de bruit. La maîtresse est une remplaçante, une dame en retraite qui vient remplacer leur maîtresse en congé maternité. Il ne se souvient pas plus de son nom qu'elle se souvient du sien. Sa maîtresse a fait la rentrée il y a 3 semaines, puis est partie en congés. La vieille dame de 65 ans est là depuis lundi, elle est un peu sourde, mais gentille. Plus gentille que l'intérimaire avant elle, il sentait le vin et criait fort. Puis il expliquait mal.

Du coup Enzo ne comprend pas pourquoi B et A font BA, mais pas dans BANC ni dans BAIE ; ni la soustraction ; ni pourquoi il doit connaître toutes les dates des croisades.

On l'a mis sur la liste des élèves en difficulté, car il a raté sa première évaluation.

Il devra rester de 12h Ä, 12h30 pour le soutien. Sans doute aussi aux vacances. Hier, il avait du mal à écouter la vieille dame pendant le soutien ; son ventre gargouillait.

Quand il est arrivé à la cantine, il ne restait que du pain. Il l'a mangé sous le préau avec ceux dont les parents ne peuvent déjà plus payer la cantine.

Il a commencé l'école l'an dernier, à 5 ans. L'école maternelle n'est plus obligatoire, c'est un choix des mairies, et la mairie de son village ne pouvait pas payer pour maintenir une école. Son cousin Brice a eu plus de chance ; il est allé à l'école à 3 ans mais ses parents ont dû payer. La sieste, l'accueil et le goûter n'existent plus, place à la morale, à l'alphabet ; il faut vouvoyer les adultes, obéir, ne pas parler et apprendre à se débrouiller seul pour les habits et les toilettes : pas assez de personnel.

Les enseignants, mal payés par la commune, gèrent leurs quarante élèves chacun comme une garderie.

L'école privée en face a une vraie maternelle, mais seuls les riches y ont accès.

Mais Brice a moins de mal, malgré tout, à comprendre les règles de l'école et ses leçons de CP. En plus, le soir il va à des cours particuliers, car ses parents ne peuvent pas l'aider pour les devoirs, ils font trop d'heures supplémentaires.

Mais Enzo a toujours plus de chance que son voisin Kévin ; il doit se lever plus tôt et livrer les journaux avant de venir à l'école, pour aider son grand- père qui n'a presque plus de retraite.

Enzo est au fond de la classe. La chaise à coté de lui est vide. Son ami Saïd est parti, son père a été expulsé le lendemain du jour où le directeur (un gendarme en retraite choisi par le maire) a rentré le dossier de Saïd dans Base élèves. Il ne reviendra jamais. Enzo n'oubliera jamais son ami pleurant dans le fourgon de la police,) à coté de son père menotté. Il paraît qu'il n'avait pas de papiers...

Enzo fait très attention : chaque matin il met du papier dans son cartable, dans le sac de sa maman et dans celui de son frère.

Du fond, Enzo ne voit pas très bien le tableau. Il est trop loin, et il a besoin de lunettes. Mais les lunettes ne sont plus remboursées. Il faut payer l'assurance, et ses parents n'ont pas les moyens. L'an prochain Enzo devra prendre le bus pour aller à l'école. Il devra se lever plus tôt. Et rentrer plus tard. L'EPEP (Etablissements publics d'enseignement primaire) qui gère son école a décidé de regrouper les CP dans le village voisin, pour économiser un poste d'enseignant. Ils seront 36 par classe. Que des garçons. Les filles sont dans une autre école.

Enzo se demande si après le CM2 il ira au collège ou, comme son grand frère Théo, en centre de préformation professionnelle. Peut-être que les cours en atelier sont moins ennuyeux que toutes ces leçons à apprendre par coeur. Mais sa mère dit qu'il n'y a plus de travail, que ça ne sert à rien. Le père d'Enzo a dû aller travailler en Roumanie, l'usine est partie là -bas. Il ne l'a pas vu depuis des mois. La délocalisation, ça s'appelle à cause de la mondialisation. Pourtant la vieille dame disait hier que c'était très bien la mondialisation, que ça apportait de la richesse. Ils sont fous, ces Roumains !

Il lui tarde la récréation. Il retrouvera Cathy, la jeune soeur de maman. Elle fait sa deuxième année de stage pour être maîtresse d'école, dans la classe de Monsieur Luc. Il remplace Monsieur Jacques, qui a été renvoyé, car il avait fait grève. On dit que c'était un syndicaliste qui faisait de la pédagogie. Il y avait aussi madame Paulette en CP ; elle apprenait à lire aux enfants avec de vrais livres ; un inspecteur venait régulièrement la gronder ; elle a fini par démissionner. Cathy a les yeux cernés : le soir elle est serveuse dans un café car sa formation n'est pas payée. Elle dit : « A 28 ans et bac +5, servir des bières le soir, faire classe la journée, c'est épuisant». Surtout qu'elle dort dans un salon chez Enzo, elle n'a pas assez d'argent pour se payer un loyer.

Après la récréation, il y a le cours de religion et de morale avec l'abbé Georges. Il faut lui réciter la vie de Jeanne d'Arc et les dix commandements par coeur. C'est lui qui organise le voyage scolaire à Lourdes, à Pâques. Sauf pour ceux qui seront convoqués pour le soutien.

- Enzo se demande pourquoi il est là ,

- Pourquoi Saïd a dû partir,

- Pourquoi Cathy et sa mère pleurent la nuit,

- Pourquoi et comment les usines s'en vont en emportant le travail,

- Pourquoi ils sont si nombreux en classe,

- Pourquoi il n'a pas une maîtresse toute l'année,

- Pourquoi il devra prendre le bus,

- Pourquoi il passe ses vacances à faire des stages,

- Pourquoi on le punit ainsi,

- Pourquoi il n'a pas de lunettes,

- Pourquoi il a faim.

Projection basée sur les textes actuels, les expérimentations en cours et les annonces du gouvernement trouvées sur le net."

AIE AIE !!!!! vivement NOEL !!!!

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Content que le texte vous ai plu! :sourire:

Je précise qu'il n'est pas de moi, il circule actuellement dans les établissements scolaires mais j'ignore qui est son auteur...

Pour ma part, j'ai malheureusement tendance à penser que cet éventuel futur sera forcément pire que le passé car les nouvelles technologies rendent de plus en plus facile le contrôle insidieux des personnes, notamment en renforçant les clivages sociaux!

A nous de nous donner les moyens de comprendre et, si besoin, de dénoncer les réformes dictées par nos dirigeants...

A+!

MD.

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Bonsoir,

Soyons réalistes. Ce texte donne une assez bonne image de ce vers quoi on vat. Et effectivement ca pourrait être pire que le passé dans la mesure où les moyens de contrôles sont de plus en plus colossaux. Toutes les conversations téléphoniques, sms, gsm et autres sont conservées plusieurs mois voire un an sous couvert de lutte contre le terrorisme; notre argent est de plus en plus contrôlé (sous couvert de lutte contte la fraude) par exemple les opérations sont obligatoirement de plus en plus informatisées et les échanges internationaux sous surveillance (cela permet effectivement de lutter contre la fraude et le terrorisme mais en même temps cela donne aux gouvernements la capacité de bloquer les avoirs et donc la liberté de manoeuvre de n'importe quel citoyen "dérangeant" et quand on veut battre un chien on trouve toujours un bâton pour le faire); des retenues sur salaire faites à des enseignants pour ne pas vouloir adhérer comme des moutons à des dispositions douteuses sont un premier pas. On critique beaucoup l'argent (à juste titre sur beaucoup d'aspects) mais pouvoir disposer librement de ses propres moyens est tout de même un degré de liberté non négligeable, prendre le contrôle absolu des biens de chacun peut facilement devenir un solide outil de contrôle et de réduction au silence des gêneurs et des empêcheurs de danser en rond.

Le texte ne paraît pas exagéré car beaucoup de gens, et chaque jour un peu plus, se trouvent déjà dans cette situation.

Au Royaume Uni des centaines de milliers de gens (pas loin du million si je me souviens bien) vivent sous le seuil de pauvreté alors qu'ils travaillent à temps plein: simplement leur salaire est trop faible que pour permettre de vivre normalement!!!

Le discours (je parle pour la Belgique) selon lequel le problème du taux de chômage élevé est essentiellement du au fait que les chômeurs ne travaillent pas et ne cherchent pas suffisamment un emploi (si si des grands patrons d'industrie l'ont dit de façon quasi textuelle!) alors qu'il y a par an quelques dizaines de milliers de propositions d'emplois pour plus ou moins 600.000 sans emploi il suffirait donc d'après ces grands patrons que les 600.000 chômeurs cherchent du travail pour que les 600.000 emplois apparaissent!! C'est aussi plat que ca. L'étape suivante de leur raisonnement est donc qu'un chômeur doit obligatoirement accepter ce qu'on lui propose à n'importes quelles conditions...et on abouti à la situation qu'on observe déjà en Angleterre: des travailleurs qui travaillent temps plein mais n'ont pas de quoi vivre! Très XIXème non??

Cerise sur le gâteau il faut se prendre en charge soi-même et préparer sa pension soi-même. Et ils vont le faire avec quoi s'ils n'ont déjà pas de quoi vivre normalement??

Il est sacrément temps de réagir!

Tous les éléments repris dans ce texte se trouvent déjà en place ou leur installation est en cours!

Il ne faut pas être inutilement et systématiquement pessimiste mais porter un regard critique ne peut pas faire de mal.

Bonne soirée et bonne fêtes tout de même,

jph

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  • 1 mois après...
  • 3 semaines après...

Merci M-adit, bravo! ça c'est de l'humour et de l'ironie, du vrai, du bon, comme nous aimons nous rationalistes à l'esprit critique.

"à ne pas prendre au pied de la lettre" pas si sûr ! Moi je le vis tous les jours (dans mon boulot, dans mon porte monaie) et la gangrène progresse! On y est ! En plein dedans!

Et tel le coq gaulois acceptons d'être les rois des cons car comme ce volatile nous sommes encore capable de chanter les deux pieds dans la m ... :exclamation: ça aussi c'est de l'humour et surtout de l'ironie

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