Docum. Lab. Géol. Lyon, n° 129 D. OLIVERO (1994) - La trace fossile Zoophycos
dans le Jurassique du Sud-Est de la France.
Signification paléoenvironnementale.
329 p., 108 fig., 6 tabl., 15 pl.
[url=""%5D%5B/url%5DRésumé
La trace fossile Zoophycos MASSALONGO 1855 est connue depuis le Cambrien jusqu'à l'Holocène ; objet de nombreuses études, déjà à partir du siècle dernier, elle frappe par la complexité de sa morphologie et par sa présence, au cours des temps géologiques, dans des milieux apparemment différents.
Une étude a été menée sur les Zoophycos caractérisant les "Calcaires à Cancellophycus" (Cancellophycus est synonyme de Zoophycos), qui se développent dans tout le Bassin du Sud-Est de la France, principalement au Jurassique moyen.
Un certain nombre de coupes, souvent inédites, ont été sélectionnées dans les Chaînes Subalpines Méridionales, en Ardèche et dans la région lyonnaise. Elles se placent sur la bordure du bassin, secteur paléogéographique qui semble propice au développement du faciès à Zoophycos.
Les résultats de ce travail, effectué en grande partie sur le terrain, sont originaux pour ce qui concerne la morphologie de la trace et, surtout, sa signification paléoenvironnementale.
Les nombreuses observations ont permis de proposer une nouvelle interprétation de l'organisation de Zoophycos. La presque totalité des modèles acceptés décrit la trace comme un terrier construit en descendant dans le sédiment. Nous proposons, au contraire, le modèle d'une lame spiralée creusée, à partir d'une certaine profondeur, en montant vers la surface.
La conservation de l'architecture complexe du terrier nécessite un substrat déjà cohérent, mais non encore lithifié, donc intermédiaire entre les types "softground" et "firmground". Dans les milieux analysés, un tel substrat se forme dans des conditions de ralentissements ou d'arrêts de sédimentation. Le sédiment typique est une biopelmicrite à filaments.
Dans les séries étudiées, l'évolution horizontale et verticale de Zoophycos indique un milieu précis : la trace présente un développement maximum sur le talus, où les apports d'origine proximale, source de matériel nourricier, peuvent encore être importants, mais où les conditions de sédimentation sont aussi, normalement, assez tranquilles. Zoophycos, qui s'installe tardivement dans le sédiment, indique des périodes de réduction de la vitesse de sédimentation.
L'étude de l'évolution qualitative et dimensionnelle de la trace peut apporter des données supplémentaires dans le cadre de l'analyse séquentielle. En effet on notera son développement maximal dans les phases finales des événements régressifs ou transgressifs (dans les bas niveaux et hauts niveaux). En même temps on assistera à sa disparition, souvent brutale, aux débuts des phases transgressives et à une crise, plus ou moins importante, aux débuts des phases régressives.
Zoophycos se révèle donc un bon descripteur biosédimentaire et son emploi pourrait se généraliser dans les reconstructions paléoenvironnementales.
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Cancellophycus ? Du bajocien , Languedoc.