Merci pour cette intervention très riche. Et désolé pour cette appellation de "Kir-polymorphe" si peu canonique, et en même temps tellement canonique... En me plaçant sous le patronage rabelaisien d'un illustre chanoine bourguignon, je pensais donner suffisamment à comprendre que le concept n'était pas destiné à révolutionner la science minéralogique.
Pour donner suite, je modifie la définition des objets minéralogiques auxquels j'ai décidé de consacrer ce sujet : "Certaines paires d'espèces minérales proches par leur composition chimique, et non isotropes l'une de l'autre". De cette façon c'est à peu près verrouillé (encore que...).
En effet, pas besoin de limite; ce sont plutôt les propriétés des deux espèces et leurs relations qui poussent à identifier une proximité. Un peu comme pour la calvitie: on ne sait pas exactement quand on devient chauve, mais à un moment donné ceux qui nous regardent n'ont aucun doute.
Concernant le statut de la Mélanophlogite, j’ignore si l'IMA a eu des doutes, mais toujours est-il qu'elle classe actuellement l'espèce dans le groupe de la Silice, aux côtés d’une dizaine d’espèces toutes polymorphes du Quartz. Certains auteurs considèrent cependant la Mélanophlogite comme un polymorphe de la Silice. C'est bien sûr un non-sens puisque par définition les polymorphes ont la même composition chimique; mais ce n'est pas nécessairement une insulte à l'intelligence, si l'on fait abstraction des "hôtes" organiques pour ne considérer que la "cage" siliceuse. J'ai vu également au moins un auteur parler de "zéolite" à propos de cette espèce. Depuis la découverte - relativement récente - de deux autres clathrasils naturels, la question de la création d'un groupe des clathrasils est ouverte.
Tout à fait : la présence surabondante, dans le milieu, de l'élément chimique qui différencie les deux espèces n'est pas décisive. C'est justement un des points qui m'intéressent.
Le cas le plus intéressant est celui des mollusques qui synthétisent en même temps et au même endroit l'Aragonite et la Calcite, pour des parties différentes de leur coquille (parties bien définies et toujours les mêmes). C'est leur programmation génétique qui les y contraint, et non l'humeur ou la nécessité du moment.