Azogue

j'approuve la proposition de (? ) que ce specimen soit offert, en récompense, à l'instigateur du Post le plus lu de cette rubrique de Geoforum. Je suis soufflé par tant de générosité et d'abnégation

Vous êtes forts... Effectivement, la vivianite (puisque oui, vous avez vu juste ) a l'air opaque comme ça, mais, dans l'oeil du vieillard, on voit de la Lumière (Victor Hugo, Booz endormi) cristal de 3 cm de long, de Trepca aussi, coll. privée

(de la collection de mon ami Wolfgang Wendell): (longueur du specimen: 8cm) Qu'est-ce que ça peut bien etre?

Une de mes petites dernières (pyrite un peu mamellonnée, 20 cm) Le problème émergeant, c'est le poids sur les 4 taquets de chacune de mes étagères...

Toujours vers 1970-73, niveau -90

T'inquiète pas, Pascal03, il y a prescription: ton plan avait été reproduit (avec mon total accord) d'après un dessin que j'avais fait 5 ans auparavant pour un article sur les Porres dans le bulletin Riviera Scientifique, article que j'avais fait signer par la Soc des Mines de Garrot car pure compilation de leurs données. Pour le plaisir des yeux: le filon en couronne, deux mètres de puissance

Ah dis donc , ils étaient cachés sur ce post-ci Super les explications et les pistes de discussion! (je suis séché, ...et sec, alors, bon, je sors )

Ah, Perfide Charles, tu quoque mi fili? Le dernier coup de mine a été donné à 259m d'avancement dans le traçage du -160 le 13.5.1983 Note sur le casse -tête de la numérotation des niveaux: en fait, à partir du -90 où les Herbinger avaient commencé la descenderie finale (moins couteuse que l'extraction par le puits qu'il aurait fallu sinon prolonger) équipée au sommet de leur grande trémie souterraine, le topographe a compté les profondeurs des autres traçages PAR RAPPORT à ce -90, d'où les noms de -35, -73 ce qui fait -125, -163 par rapport au traçage zéro. Comme le traçage zéro est à la cote NGF +82, le niveau le plus profond de la mine est à la cote NGF -73 (par rapport au niveau de la mer)

Par rapport au zéro local de la mine (Z NGF +82m) qui était le traçage le plus bas sortant au jour (juste au-milieu de la figure du haut; j'ai coupé la sortie au jour), les geodes ont été surtout développées dans la lentille Bruno, entre le -90 et le -125 (appelé le -35 sur cette frontale de Hugues Falzon 1981) donc noyés les premiers après l'arrêt des pompes Au passage, vous voyez bien, au dernier niveau de la lentille Bruno, le traçage de base et son sous-niveau 3m au dessus, et le vide d'abattage qui commence à se faire juste au dessus, alors que (au moment où Hugues Falzon et le géomètre de la Sté des Couleurs Zinciques [casquette "barytine" de la Sté des Mines de Garrot] dessinent cette frontale) toute la hauteur de 45m de baryte est encore quasi intacte au-dessus, entre les deux traçages où va se développer la "chambre montante". La position des géodes est schématique et ce n'est qu'une supposition du dessinateur (puisque le remplissage du filon n'est pas encore touché). Il se base sur la grande géode qu'il avait pu voir et étudier dans la tranche au-dessus, figurée en grisé sur cette frontale car alors complètement dépilée, vidée.

Au niveau -90, années 1970-73. Là c'est le "petit" train du fond, tirant des berlines de 600 ou 800 litres. Au +125 NGF, il y avait un locotracteur de gros calibre qui tirait de véritables wagons, depuis le skip jusqu'à la trémie de chargement des camions pour la laverie de la gare des Arcs. J'ai des photos, mais pas encore scannées.

Vers 1970 encore. Les Frères Herbinger me gâtaient... J'avais 18 ans ou 23 (j'y suis retourné si souvent que, à la fin, je mélange). J'ai oublié aussi le nom de ce chef mineur (porion) rude mais sympathique, qui avait une patience inouïe pour attendre que j'ai fini de faire ma photo (=à l'époque, des diapos en argentique, et on n'en faisait pas beaucoup parce que l'argent de poche était rare-et beaucoup ratées) On voit bien le filon de barytine, et, à sa droite(à l'Est) -contre l'éponte d'amphibolites vertes- la salbande d'oxydes de manganèse pulvérulents noirs. Remarquez le système de boulonnage à droite pour empêcher l'éponte de s'ébouler dans la galerie.

Vraiment, pour faire à 1-Frangin, Pascal03 et tous les autres (comment dit-on déjà?) un hommage , une standing ovation quasiment pour avoir ainsi redonné un coup de projecteur sur notre chère PACA, qu'ils connaîssent bien, quelques photos ...d'époque Specimen (de barytine blanche et cette fluorine chocolat), surnommé "l'aigle impérial" ou l'aigle des armoiries de Nice (on avait toutes les prétentions en ce temps là) acheté chez un mineur des Arcs en (?) 1970, un homme de 40 ans d'origine algérienne, de grande classe, dont j'ai hélas oublié le nom, qui avait vraiment le goût sûr, pour sortir de telles pièces sans la casser, et la conserver intacte alors que d'autres mineurs les entassaient sans aucune précaution (on voyait qu'il en aurait volontiers gardées, mais que financièrement il se faisait une raison de les vendre). Format 25x 20 x15 cm env. Je l'ai revendue à mon tour, et je m'en mors les doigts encore.

Des goûts et des couleurs... La couleur bleue de la barytine? La thèse de doctorat d'Hugues FALZON (1981) qui est LA référence pour les Porres, est muette sur ce sujet (malgré plusieurs analyses du Ba et du Sr). La couleur roux violacé de la fluorine? Outre les aiguilles de semseyite (identifiées à l'origine par Paul PICOT sur un échantillon de la thèse de Jean-Pierre VERVIALLE, Hubert le reconnait lui-même) Yves MOELO avait identifié aussi la jamesonite sur un échantillon de Gilbert MARI que je lui ai transmis Tout ceci est très vieux. La plupart des foromeurs étaient encore au lait (ils ont bien changé leur alimentation depuis, certains )

genial, décidément, ce geoforum On se lâche, on se sent à l'aise, libre de construire des hypothèses "comme des hypothèses de travail" , ensemble, sans peur d'être blamés, moqués, critiqués Et hop, le schmilblick avance (les jeunes connaissent-ils ce mot? je vais demander à mes (grands) enfants de ce pas, ils se sont invités ce soir

Ouh là il fait très chaud par ici, je vois que ça carbure sec, et quand des gens carburent sec et qu'il y a du feu dans l'âtre et de la chaleur dans les conversations, ça m'attire Vous parlez des températures. Est-ce qu'on peut utiliser quelque chose comme la Loi de Newton je crois, à moins que ce soit celle d'Avogadro? (PxV):T= constante, pour dire que, dans un filon métallifère, je veux dire par là un filon avec des failles bordières qui peuvent rejouer par saccades, se bloquer, monter en pression puis se détendre brusquement (=séisme), notamment dans les filons (à fluorine) mis en place en cisaillement comme ceux du Tarn, El Hammam, ou Silius, il n'est donc pas obligé qu'on atteigne une chaleur extraordinaire pour obtenir telle ou telle couleur du minéral, parce que la pression fait une partie du boulot pareil? Je crois que c'est le bon post ici pour se renseigner , un grand merci !

Puisqu'on est à la période des Rois Mages, de la fêve et des voeux, parlons d'Helene d'Anjou cette princesse française (1237-1314) dont la famille était originaire de la région, non pas de l'Anjou mais du Val de Loire, de Courtenay et d'Auxerre (cf. Wikipedia et surtout la page de Guy Barrandon: http://lionel.le.tallec.free.fr/2/TH/Enigm...HeleneAnjou.htm Par mariage avec le roi Stefan Uros, elle devint propriétaire des mines de Trepca. D'après une légende tenace dans Geoforum, elle ne savait plus que faire des bagues que son mari et ses deux fistons lui offraient pour les fêtes, notamment, une fois, un cabochon qui était une macle-spinelle de sphalérite grosse comme un bouchon de carafe. Son mari se fit moine sous le nom de Siméon, afin de ne plus voir la collection de cristaux de sa femme, qui avait fini par envahir toutes les pièces du palais et toutes les conversations de la cour. Hélène est (sur cette fresque) à gauche (monastère de Gracanica). Elle a été canonisée et elle jouit d'une grande aura. Ah, si on s'était mieux démmerdés pendant la guerre entre les Serbes et les Turcs, au lieu de les regarder s'entretuer sans bouger d'un pas, la couronne française aurait gardé une main sur Trepca et ses cristaux, et on ne serait pas là à essayer de trouver des mécènes pour aider le musée de la mine En cette période des voeux, disons (comme l'a fait Trenen23) tous nos souhaits au musée de Trepca et aux populations de la région, pour que 2010 apporte le renouveau du musée et les aides financières, méritées, qui permettront à Trepca de retrouver son auréole (comme Hélène) et son prestige mondial

Eh bien en ce moment, il fait froid à Trepca mais que la sphalérite doit être belle à dénicher dans la neige (image empruntée à Google Earth) Au centre de la photo, les batiments et bureaux de la mine. En bas à droite, le village des mineurs et du musée. Le chevalement principal est à la lisière NW du groupe principal de batiments, près des deux virages en épingle à cheveux

Question: est-ce l'évolution du cours du plomb en 2009? l'évolution du prix du foie gras en 2009? l'évolution de la valeur marchande de ta collection de minéraux de Trepca en 2009 ?

La remontée rapide du prix du plomb est (en effet) spectaculaire (en 2007 il avait tangenté 2700 USD/t). Depuis fin 2008, il a augmenté de 139% et tangente les 2500 USD à la tonne. La Chine est de loin le premier consommateur mondial de plomb (because son énorme boom de vente d'automobiles en 2009, grâce au plan de relance et à des facilités de prêts) (à noter qu'après MG-Rover et Hummer, le dernier modèle de Saab est passé sous pavillon chinois ), mais aussi l'e-Bike. Ces vélos électriques à batterie au plomb comptent pour plus de 20% de la demande chinoise de plomb. Mais une régulation pour 2010 va limiter leur taille et leur vitesse, on s'attend donc à une baisse des ventes et donc une moindre conso de Pb, ce qui aura un impact sur les prix de 2010... ( attention, ce n'est pas seulement le plomb qui a de l'avenir pour les batteries des voitures électriques: le lithium surtout). Au niveau mondial, 75% de la demande de plomb est destiné aux batteries, mais alors que dans les pays développés, 80% du plomb utilisé provient du recyclage des batteries en fin de vie ; en Chine, un tel gisement de recyclé n'existe pas encore, et les batteries sont donc élaborées principalement avec du plomb primaire, d'origine minière (et quelques déchets de plomb importés). lingots de plomb prêts à la vente, dans la fonderie de Noyelles Godault, avant sa fermeture Tout ceci explique la hausse du plomb, et qu'il se retrouve à parité avec le zinc (alors qu'il n'en valait que la moitié il n'y a pas si longtemps) grillage du concentré de zinc (amorçage) à la fonderie de Noyelles Godault. La Chine entame la deuxième moitié de son supercycle de 30 ans (avec davantage de technologies avancées); l'Inde frappe au portillon du développement avec un PNB qui est maintenant celui de la Chine en 2002. Bref, la Chine doit importer de plus en plus de matières premières pour pouvoir exporter ses produits manufacturés. Alors, verrons nous se créer la Sinjuan-Beijing-Trepca lead Mines Ltd en 2010 ??

Voilà une bonne transition, merci Caillouteux ! sans oublier le pourquoi Goering s'empara de Trepca en 1941:

Pourquoi? Ce serait mieux si j'avais un croquis sous la main à poster, mais tant pis, tu vas comprendre quand meme. Le vidage du filon ne se fait pas à partir de la galerie de roulage du moment (qu'il faut préserver des chutes de pierres) mais à partir du sous-niveau ménagé à 2 m au dessus. Le sous niveau est relié à la galerie de roulage par des fourneaux (entonnoirs) équipés, en bas, de trémies en bois. On travaille en chambres pleines et on en soutire le minerai abattu, au fur et à mesure des besoins, en ouvrant une trémie. Comme le minerai abattu a foisonné, il occupe plus de volume que quand il était en place, on est donc à l'aise pour en éliminer un peu, au fur et à mesure que le mineur "monte" dans le panneau en cours de dépilage, les pieds sur le minerai fraichement abattu (ce qui explique comment certains sont morts atrocement , aspirés par une trémie mal refermée). Quand tout le filon a été exploité (vidé), on se trouve dans deux cas de figure: ou bien on travaille dans cette mine en chambres remblayées, et alors on a déjà rempli le vide du filon jusqu'à la gueule (avec des stériles de la laverie) (cas du Burc) ou bien on travaille en chambres vides (cas général de l'Estérel, des Maures etc.) , et alors on se trouve dans le sous niveau totalement vidé, impressionnant, et il ne reste plus, pour parfaire, qu'à ENVEVER le petit espace de minerai qu'il restait encore d'intact entre le sous niveau et la galerie de roulage...qui bientot ne servira plus à rien. On explose alors les piliers un par un (c'est ça qui s'appelle LE DEPILAGE, mot à mot=enlever les piliers; tu vois la dérive subie par le mot?) et on vend ce bon minerai aussi. La galerie de roulage en question ne sert vraiment plus à rien: on recommence 40m plus bas. Les stots, ils ne sont indispensables que si on travaille en chambres vides (non remblayées) et usuellement, le mineur s'arrange pour que ce soit un endroit où le filon est plus mince, ou bien là où il renferme une passée de barytine ou de quartz. Comme ça, ce n'est pas un grand sacrifice. Sur ta photo, on voit que c'est de la fluo massive. Peut-être était-ce parce que c'etait le point le plus mince. En tout cas, c'était sans doute la paroi adossée à une des trémies en bois (ça t'explique que ce soit juste à la couronne de l'ancienne galerie de roulage...qui, elle, a disparu). Au dernier moment, le chef a décidé de ne pas "dépiler" ce restant de filon afin que ca ne menace pas la stabilité du nouveau panneau qu'ils s'apprêtaient à vider en dessous.

Fours à calamine de la mine de Nebida

Reves de Noel, dans la Grotta de la mine de plomb San Giovanni (tapissée de barytine et aragonite)... puis (fort fort) dans la mine de fluorine de Silius calcite blanche, fluorine rose, galène BOUM