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Bourse minéraux Sainte Marie aux Mines 2024, avec fossiles et gemmes.
Bourse minéraux et fossiles de Sainte Marie aux Mines (Alsace) - 26>30 juin 2024

BUT

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Messages posté(e)s par BUT

  1. Bonjour

    Original et intéressant, le quartz et son empreinte. Et pas si moche que ça!

    Je me demande ce qui a facilité un "démoulage" aussi parfait: avec un contact quartz contre quartz, et compte tenu de toutes les petites irrégularités visibles sur le gros quartz, il y avait suffisamment de germes d'accrochage pour assurer une continuité cristalline - au moins localement - entre les deux phases de cristallisation, et donc des points de soudure à forte cohésion.

    A part les baguettes de tourmaline, qui ne forment pas un réseau assez dense pour isoler les deux phases de quartz, y avait-t-il des traces d'un enduit qui aurait joué ce rôle d'isolant? Sur la première photo à gauche, on dirait qu'il y a bien une mince couche blanchâtre qu'on voit en coupe au niveau du contact; est-ce cet enduit qui teinte l'empreinte en jaunâtre sur la photo de droite?

  2. Très bonnes photos cette fois.

    Elles confirment que le cristal appartient au système quadratique.

     

    Si le cristal raye le couteau, et s'il ne raye pas le quartz et n'est pas rayé par le quartz, sa dureté doit être voisine de 7.

    Cela élimine les phosphates et arséniates quadratiques et la thorite, qui sont plus tendres.

    Restent en course:

    - Zircon: dureté 7,5

    - Vésuvianite: dureté 6,5

    - Rutile: dureté 6-6,5

    - Cassitérite: dureté 6-7

     

    L'éclat ne me semble pas convaincant pour du Rutile ou de la Cassitérite.

    Il reste le Zircon et la Vésuvianite, avec tous les deux une dureté différente de un demi-point par rapport à votre cristal. Je ne sais pas si une différence d'un demi-point est éliminatoire ou non. Parce que l'échelle des duretés n'est pas linéaire et qu'une différence de 0,5 autour de 7, c'est bien plus important qu'une différence de 1 point au bas de l'échelle.

    Quoiqu'il en soit j'opte pour le Zircon, qui a l'avantage d'être en accord avec le contexte (Velay-Devès). Cependant, j'ai vu sur la banque de photos du Mindat un cristal de rutile alluvionnaire trouvé à Saugues dans la Haute-Loire, pas très loin du Devès. Tout doute n'est donc pas écarté.

     

    Votre cristal est moins lisse que celui que je vous ai indiqué sur la banque de photos du Mindat parce qu'il provient d'un champ labouré et a probablement moins bougé. L'autre provient des alluvions du ruisseau Métou (pas très loin du Devès?) et a été un peu poli lors de son déplacement le long du ruisseau. La zone plus orangée sur les photos 4 et 7 est localisée sur une épaufrure d'une arête: peut-être qu'elle révèle une couleur plus claire à l'intérieur du cristal?

  3. Juste un complément.

    Si vous allez sur la banque de donnée Mindat.org, et que vous faites une recherche sur le minéral ZIRCON. Quand la page ZIRCON s'affiche, cliquez sur "Photos of ZIRCON", puis sur "Search photos of ZIRCON", puis filtrez: "country: France" / "region: Métou". Trois pages de photos s'affichent. A la page 2, il y a un sosie de votre cristal de la photo 3, avec les faces de la pyramide terminale décalées de 45° par rapport aux faces du prisme.

    C'est pourquoi il faut bien vérifier la dureté, parce que ce cristal ressemble furieusement à un Zircon (la Thorite et le Xénotime peuvent ressembler beaucoup au Zircon et sont rayés par le couteau; mais ils sont sensiblement plus rares). Est-ce que le cristal raye le couteau? Est-ce qu'il raye le quartz?

  4. Bonjour

     

    Difficile en effet de se faire une idée d'après les photos. Cependant, on peut toujours essayer d'éliminer des possibilités.

     

    Photos 1-2:

    - combien de faces ont les pointes?

    - combien de côtés a la section du prisme?  (pour voir la section, prendre le cristal avec une pince à épiler et le regarder parallèlement à l'axe qui relie les pointes)

     

    Photo 3: à première vue cela ressemble à du zircon ou à du rutile.

    - si vous confirmez que le prisme a quatre faces, la section dessine-elle un carré ou un losange, ou un parallélogramme?

    - les pointes ont-elles également quatre faces? et si oui, quand on regarde les pointes parallèlement à l'axe d'allongement du cristal, les arêtes des faces terminales dessinent-elles une croix avec des angles à 90° ou non?

    Si la section est carrée et si les arêtes des terminaisons dessinent une croix à 90°, il y a de fortes chances que le minéral cristallise dans le système quadratique, ou dans le système orthorhombique, avec un habitus pseudo-quadratique.

    Système quadratique: cela nous oriente vers les oxydes quadratiques (aujourd'hui on dit "groupe du rutile": rutile, cassitérite entre autres), plus le zircon qui était également considéré comme un oxyde quadratique à une époque (avec ses compères hafnon et thorite), plus toute une série de phosphates et d'arséniates quadratiques (série xénotime-chernovite), plus la vésuvianite. Il y a aussi la scheelite et la stolzite, mais leur habitus est en général bipyramidé plutôt que prismatique.

    Le test de dureté ("rayé par le couteau") est important car il élimine le zircon et le hafnon, est totalement compatible avec les phosphates/arséniates et la thorite, et reste indécis pour le rutile, la cassitérite, la vésuvianite (dureté voisine de celle de l'acier trempé). Vérifier que le couteau raye bien le cristal et pas seulement sa patine.

    Orthorhombique pseudo-quadratique: il y a malheureusement pas mal de possibilités.

  5. Pic du Pelvat. Vallon de Chabrières. Commune de Saint-Paul sur Ubaye (04).

    Environ 12cm.

    Sur une face: Amiante, Calcite, avec un peu d'Epidote et de Quartz.

    Sur une autre face: essentiellement Albite, avec Calcite et accessoirement Quartz.

    Les fibres d'amiante dessinent de curieux motifs, qui sont très fragiles et ont malheureusement été brouillés ou effacés sur une partie de la plaque (à gauche sur la première photo), à cause de la compression et des frottements dans le sac à dos pendant la descente (en dépit de l'emballage soigneux). Je me demande si ces motifs en "poil de chien mouillé" pourraient provenir d'une orientation des fibres par l'écoulement de l'eau de fonte de neige au printemps (avec regel pendant la nuit).

     

    DSCN3242.thumb.JPG.a5359e1399480a59bfbac83c6a3f8901.JPGDSCN3243.thumb.JPG.e5fd5caa4c7b200dadcb8b9ccbf078a5.JPGDSCN3237.thumb.JPG.1746d752038fdd1f00b09eafd9099800.JPGDSCN3238.thumb.JPG.09b34e4771a6e4a3fd7e00af42e817ea.JPGDSCN3234.thumb.JPG.50da5eb8a75ac9333cbd9d2f9009e1d6.JPGDSCN3251.thumb.JPG.1e0bfb5f03d0fd130cf040dddcf9ce46.JPGDSCN3253.thumb.JPG.b042eba6dc033086b2ddbe1c969fe86b.JPG

     

  6. Le sphène reste un candidat sérieux : la couleur, le mode de cristallisation, l'éclat sont compatibles. Sur les premières  photos certains cristaux semblaient pouvoir appartenir au système  hexagonal. On pouvait donc regarder du côté des minéraux pouvant former des tablettes hexagonales minces: bastnaésite, voire apatite. Mais l'appartenance au système  hexagonal n'est pas vraiment évidente sur les nouvelles photos. Ceci dit il reste sans doute pas mal de minéraux cristallisant dans d'autres systèmes et pouvant former des cristaux très aplatis, et compatibles avec le contexte local.

     

    En ce qui concerne la couleur, les différentes nuances "huile d'olive", du jaune verdâtre au vert jaunâtre ou brunâtre, sont la palette "standard"  du sphène. Pour autant que je sache, les sphènes significativement chromifères sont d'un vert beaucoup plus vif et moins jaunâtre : les plus célèbres sont ceux du gisement de Saranovskii en Russie, qui peuvent approcher le vert émeraude (photos disponibles sur Mindat).

     

    Par ailleurs, j'ignore si la présence de chrome est possible dans le contexte de la Lauzière. Souvent le chrome est associé  à des roches basiques ou ultrabasiques (péridotites et roches provenant de leur altération par exemple). Je sais qu'il y a ce genre de roches dans le secteur de Chamrousse, et que de la chromite et d'autres spinellides chromifères y ont été signalés. Mais je n'ai rien lu ni entendu sur la présence de chrome dans le secteur Grand Arc - La Lauzière.

     

     

     

     

     

     

     

     

  7.  Bonjour

     

    Merci pour ces nouvelles photos. Sur les photos 1-2 à droite et 3 à gauche, cela ressemble bien à l'encoche d'une macle de sphène très aplatie. Le sphène peut présenter des macles très aplaties, avec un ratio supérieur à 10 entre la grande dimension et l' épaisseur, et de petites encoches sur la tranche, trahissant la macle. Très  typiques de ce faciès : les sphènes du gisement d' Ankarafa à Madagascar (voir photos sur Mindat).

    Par contre sur les photos 4-5-6-7, cela semble être deux cristaux subparallèles accolés.

  8. Bonjour.

     

    En l'absence de toute caractéristique physique chiffrée (lesquelles sont - j'en suis bien conscient - impossibles à déterminer du fait de la petitesse et de la fragilité des cristaux), un diagnostic sur la seule apparence visuelle reste précaire et fragile. Par exemple, sur la seule base du visuel, et en faisant abstraction du contexte (La Lauzière), cela pourrait aussi bien être de la barytine...

     

    Ce serait très utile d'avoir des photographies prises sous d'autres angles, en particulier non en élévation mais en vue de dessus, de façon à voir la plus petite dimension des cristaux, pour se rendre compte à quel point ils sont aplatis.  Je suis intrigué par la partie sommitale du plus gros cristal, qui présente une arête simple en partie gauche, et semble se dédoubler en partie droite, à partir d'un point de bifurcation situé au sommet (mais c'est peut-être une illusion d'optique liée à l'angle de prise de vue). S'agit-il de deux cristaux lamellaires parallèles, avec un vide profond entre les deux les séparant sur toute leur hauteur, ou au contraire d'une encoche pas très profonde "en V", qui prend naissance au sommet du cristal et dédouble effectivement une arête qui jusque là était simple? Dans le dernier cas, cela renforcerait l'hypothèse "Sphène". Dans le second cas il faudrait chercher également du côté de minéraux pouvant cristalliser en lamelles très fines, et compatibles avec le contexte géologique de la Lauzière. greglaveine a évoqué la monazite; dans le même ordre d'idée, on pourrait penser par exemple à la bastnaësite, qui peut se présenter en lamelles hexagonales très minces.

     

    Dans mon post ci-dessus lire: "dans le premier cas" au lieu de "dans le second cas".

  9. Bonjour

     

    Un des habitus les plus courants de l'épidote/clinozoïsite est un prisme allongé parallèlement à l'axe de symétrie binaire (axe Oy), et délimité par les faces latérales (100), (001) et (10-1), toutes trois parallèles à l'axe Oy. Ces faces sont dupliquées par l'axe binaire, ce qui donne un prisme à section hexagonale, avec trois paires de faces parallèles deux à deux. En outre cet hexagone est presque régulier, puisqu'il comporte deux angles voisins de 115 degrés, deux angles voisins de 116 degrés et deux angles voisins de 129 degrés (au lieu de 120 degrés pour les angles d'un hexagone régulier). Voir le croquis joint ci-dessous.

    Cette différence de 14 degrés entre certains angles est impossible à percevoir "à l'oeil" sur les petits cristaux, et difficile à percevoir sur les gros cristaux, en particulier s'ils sont striés ou cannelés parallèlement à Oy, ou irréguliers ou corrodés en surface. Cependant, sur les cristaux suffisamment gros et très bien formés, on peut la mettre en évidence (si l'on ne dispose pas de goniomètre) en découpant des gabarits en carton avec des angles rentrants de 116 et 129 degrés, et en appliquant ces gabarits sur les dièdres du prisme.

    La forme hexagonale des cristaux n'exclut donc absolûment pas l'épidote. Mais ce qui me chagrine dans cette hypothèse, c'est le fait que les prismes d'épidote/clinozoïsite sont en général striés parallèlement à leur axe d'allongement, ce qui n'est pas le cas semble-t-il sur les photos présentées par Antakari. Ou bien les stries ont été effacées par la corrosion.

     

    Croquis prisme hexagonal EPIDOTE.odt

  10. Effectivement la magnétite a elle aussi un éclat métallique et une trace noire, mais elle cristallise dans le système cubique, donc en cristaux plutôt isométriques (de dimensions équivalentes dans toutes les directions), et le plus souvent en octaèdres. Il arrive - très rarement - qu'elle se présente en cristaux aplatis disposés en rosettes: par exemple sur l'île de Sériphos en Grèce , ou sur l'île du Prince de Galles en ALaska (cf. photos sur le Mindat). En ce qui concerne Sériphos, certains auteurs considèrent qu'il s'agit d'une pseudomorphose après hématite (les rosettes d'hématite se sont transformées ultérieurement en magnétite, en conservant leur forme cristalline initiale). Pour l'Alaska je ne sais pas. Mais pour ces deux localités le contexte géologique est très différent de celui du massif du Mont Blanc.

    L'ilménite  reste donc le candidat le plus sérieux, une fois l'hématite éliminée.

  11. Effectivement, cette trace est trop foncée pour de l'hématite. Pourtant j'aurais volontiers parié sur de l'hématite au vu des poches d'oxydes d'aspect pulvérulent, de couleur rouille, visibles sur les échantillons!...

    Cela pourrait donc être de l'ilménite. La forme cristalline en lames plus ou moins hexagonales, avec des stries en triangle équilatéral, est compatible avec l'ilménite (voir les photos d'ilménite du Plan du Lac sur Géoforum ou Mindat). Le problème est que l'ilménite a été très peu signalée dans le massif du Mont-Blanc: sur le site du Club de Minéralogie de Chamonix, elle a été signalée par Lacroix à la Tête Noire, et trouvée en 1983 sous forme fibreuse, en inclusion dans du quartz, au bas du glacier de la Griaz.

    Sinon, il existe d'autres oxydes (sesquioxydes ou oxydes multiples complexes), qui cristallisent dans le même système (rhomboédrique), qui ont une trace noire à noir brunâtre, un éclat métallique, et qui peuvent ressembler - plus ou moins - à l'hématite et à l'ilménite. Mais ce sont des raretés impossibles à déterminer sans analyse précise. Par exemple les minéraux du groupe crichtonite-senaite. La crichtonite a été trouvée à St. Christophe en Oisans qui en est la localité type.

  12. Ce post pour répondre - bien tardivement - à diverses interventions à propos du  minéral rouge de la galerie de Javanon. Désolé: j'étais parti au frais à la montagne avec seulement une tablette, sur laquelle je mets des heures pour écrire une ligne parce que mes doigts tapent toujours à côté.  Nous sommes rentrés avant-hier mais pas pour très longtemps car il fait encore trop chaud dans le Vaucluse. Mais en contrepartie j'ai un clavier auquel je suis habitué.

     

    Le 18/07/2020 à 00:05, Lucailloux a dit :

    C'est trop bien ça.. Il y en a uniquement dans la zone fracturée-recristallisée ? Pas dans le massif intact ? C'est quoi l'encaissant, un calcaire marneux, le j1b ("lité gris cendré à alternances marneuses") ? 

    C'est vrai que ça a l'air diapirique le coin.. Le tunnelier a bien dû s'amuser :)

    Oui, c'était dans une zone tectonisée, pas dans les bancs rocheux.  Oui probablement dans le j1b.  Le début de la galerie était dans un faciès "terres noires" (j2) sur environ 1500m (de mémoire), puis on passait dans le j1b, avec cependant des récurrences anormales de j2 (failles) dans le secteur Les Arzeliers - Sommet de Javanon. Oui le percement de la  galerie a été un véritable chemin de croix, avec un retard et un surcoût importants. Difficultés à relativiser toutefois parce que ce genre d'ouvrage  peut durer des siècles, moyennant une maintenance tout à fait raisonnable.   L'usine hydroélectrique de Cusset sur le Rhône par exemple a plus de 120 ans et fonctionne toujours (en 1899 c'était la centrale hydroélectrique la plus puissante du monde, avec 7MW de puissance installée). Plus personne ne se soucie aujourd'hui des difficultés qui ont pu émailler le chantier. Et j'ai eu l'occasion de visiter, au Sichuan, un ouvrage de prise d'eau pour un canal qui avait plus de 2200 ans et qui fonctionnait encore en 1987.

     

    Le 18/07/2020 à 17:34, Stef4412 a dit :

     

    Avant de te lancer dans des essais aussi compliqués commence par casser un bout et laisse le au soleil
    La réaction photosensible te donnera une indication sure sans trop de risque d'erreurs, et tu peux te servir d'un fragment très petit !
    Et tu pourras toujours t'amuser avec après pour chercher le mercure ou l'arsenic ;)

     

    Bonne idée. Je le ferai posément quand j'aurai arrêté les navettes entre plaine et montagne. Effectivement je ne me lancerai pas dans des essais de chauffage au tube que je ne maîtrise pas, et qui pourraient ne pas être conclusifs.  L'idéal serait de donner cet échantillon à un labo universitaire qui serait capable de l'identifier. Mais cela ne présente pas beaucoup d'intérêt pour eux puisque le lieu de découverte est définitivement scellé par du béton, et qu'il est dès lors impossible d'étudier le minéral dans son contexte. Ce n'est pas comme les gisements du au Jas Roux ou de Duranus, qui justifiaient une thèse.

     

    Le 20/07/2020 à 00:14, otto lidenbrock a dit :

    Réalgar. (cinabre = clivage ++)

    C'est vrai qu'il y a beaucoup  de cassures irrégulières, même si des faces cristallines ou de clivage sont également présentes. Mais je doute que ce soit un argument décisif, car la cassure de l'échantillon a traversé les porosités remplies de minéral rouge avec une orientation aléatoire: elle a épousé au maximum des plans de clivage, et ailleurs a cassé dans la masse lorsqu'elle n'avait pas de meilleure option (principe de Fermat).

     

    Le 24/07/2020 à 07:26, laurentdeshautesalpes a dit :

    @BUTbonjour BUT et merci pour ton petit clin d'oeil  et bravo pour cette contribution sur les H A trés intéressante .....quand je travaillais a l'hopital de gap j'ai connu un patient caillouteux malheureusement décédé ce jour qui a travaillé dans cette fameuse galerie il m'avait parlé de mineraux speciaux mis a jour et aussi d'enormes septaria avec de gros quartz......

    Je m'étais toujours demandé si d'autres personnes que mes collègues et moi avaient prélevé dans cette zone minéralisée. Le témoignage de ce patient laisse penser que oui et c'est tant mieux parce que cela signifie qu'il existe d'autres échantillons quelque part. Du reste ce n'est pas étonnant car, sur les chantiers de travaux souterrains que j'ai suivis, il y avait en général au moins un mineur ou un contremaître qui s'intéressaient aux minéraux et collectionnaient. D'ailleurs, quand on faisait suffisamment connaissance pour arriver à leur faire raconter ce qu'ils avaient vu au cours de leurs chantiers (trouvailles minéralogiques ou incidents de chantier), c'était captivant.

  13. Merci à tous pour les réponses et infos.

     

    Steff4412:

    J'ai un peu cherché, et c'est vrai que la discrimination entre réalgar et cinabre semble a priori très facile:

     

    1/ Le réalgar est sensé avoir une odeur caractéristique "douceâtre et sucrée" (<Bariand-Cesbron-Jeffroy).

    J'ai consciencieusement reniflé l'échantillon, et n'ai perçu que la banale "odeur de pierre" de la matrice. Mais je n'en tire pas de conclusion hâtive: il y a en effet beaucoup de matrice et peu de minéral rouge, et je n'ai pas l'odorat d'un cochon truffier.

     

    2/ Essais de chauffage:

    Cinabre et réalgar sont tous deux très volatils.

    Cinabre:

    - chauffé en tube ouvert, il se volatilise et un anneau brillant de micro-gouttelettes de mercure se condense à l'extrémité froide du tube; avec en prime odeur de SO2

    - le mercure s'évapore rapidement et disparaît si l'on poursuit le chauffage

    Réalgar: chauffé en tube ouvert, il se volatilise avec apparition d'un anneau blanc de As2O3 + odeur de SO2 et d'ail

     

    C'est tentant; mais avant d'essayer quoi que ce soit, je vais me documenter pour savoir quelle quantité de matière il faut tester au minimum.  Ma crainte est que, si je ne mets pas assez de matière dans le tube, la fugitive condensation du mercure passe inaperçue (dans l'hypothèse cinabre).  Idem pour les odeurs. Or, pour récupérer un millimètre cube de minéral rouge pur, il me faut sacrifier une fraction significative de l'échantillon. Deux ou trois autres morceaux ont été récoltés; mais j'ai perdu  le contact avec ceux qui pourraient les détenir (définitivement avec l'un d'eux qui est mort). C'était un chantier avec un tunnelier, pas mal de soutènement à cause de l'instabilité des terrains, des venues d'eau significatives et de la boue partout, un éclairage de tunnel, etc. Nous n'avons donc malheureusement pas eu le loisir de faire de la prospection dans la faille, et de toute manière nous n'étions pas là pour ça. Pour la petite histoire, l'un des gars présents était persuadé que les mouches rouges étaient des projections de gouttelettes de peinture provenant d'un bombage des topographes. C'est vrai d'ailleurs qu'avec l'éclairage local le doute était possible, au moins à première vue. Mais lui n'en a pas démordu jusqu'à ce que nous soyons sortis de la galerie et que nous ayons cassé un morceau pour lui prouver qu'il y en avait également dans la masse.

     

     

  14. Bonjour

     

    Pour les passionnés des Hautes-Alpes (un petit coucou au passage à Laurent), une petite contribution à l'inventaire minéralogique du 05.

     

    Ce minéral rouge non identifié a été récolté en souterrain vers la fin des années 1980 (je ne me souviens plus la date avec précision), pendant les travaux d'excavation de la galerie hydroélectrique de Javanon (entre Lazer et Eyguians), dans une faille relativement importante (zone tectonisée de plusieurs mètres de large). La galerie a été creusée dans des terrains jurassiques marneux puis calcaires (du CallOx au Bathonien). Mais il y a beaucoup de Trias dans les environs immédiats, avec des soupçons de diapirisme dans les gypses. En tout cas, effet de la tectonique ou du diapirisme?  les terrains étaient très perturbés, les niveaux calcaires en particuliers complètement pétouillés.

     

    Le minéral est rouge dans les tons groseille très mûre, rubis ou grenat selon l'éclairage, avec un éclat adamantin assez vif.

    Il se présente en mouches millimétriques ou inframillimétriques dans une matrice en grande partie cristalline, quelque peu friable, d'aspect saccharoïde, de couleur blanche à gris plus ou moins foncé, dans laquelle on voit briller de nombreuses faces losanges avec un vif éclat vitreux ou nacré, ainsi que quelques stries de cisaillement. Cette matrice est complètement "claffie" de petites mouchetures rouges.

     

    Compte tenu de la taille des cristaux rouges, impossible de mesurer la densité ou la dureté. La poussière est du même rouge, dans la nuance la plus claire (groseille).

     

    En ce qui concerne la matrice, j'ai testé sa dureté et sa réaction à un acide faible. Je précise que je viens de faire ces tests il y a quelques heures (cela ne remonte pas aux années 1980!): je voulais donner un maximum d'information avant de poster, pour anticiper les questions les plus élémentaires.

    J'ai sélectionné une face losange d'environ 2mm et j'ai essayé de la rayer à l'ongle, avec un mouvement de va et vient. Elle n'a pas été rayée; mais mon ongle a été un peu rogné par l'arête du losange à chaque mouvement. J'ai fait la même chose sur un cristal de gypse bien authentifié, avec le même ongle, et au bout d'une dizaine de va et vient j'avais creusé une rainure de presque 0,5mm de profondeur. La matrice n'est donc pas du gypse. Même si les nombreuses faces losanges évoquent plutôt des cristaux rhomboédriques, il fallait quand même le vérifier parce qu'il y a énormément de gypse dans le secteur: lieu-dit "La Plâtrière" à côté de Lazer, grosse faille derrière Montrond, lieu-dit "Les Clavelas", etc.

    Par ailleurs, la pointe d'un cutter a rayé une de ces faces losanges, pas très facilement, en laissant une poudre blanche.

    Des esquilles de cristaux blanc nacré à face losange n'ont pas réagi au vinaigre blanc, et sont restées au fond du vinaigre. Alors que des esquilles de calcite bien authentifiée, de mêmes dimensions et même plus grosses, ont réagi et se sont mises presque immédiatement à flotter à cause des bulles qui naissaient sur leur contour. La matrice n'est donc pas de la calcite.

    Etant donné que ces faces losanges évoquent des cristaux rhomboédriques, la matrice pourrait être de la dolomie plus ou moins mêlée d'argile dans les parties grises.

     

    En ce qui concerne le minéral rouge, il y a plusieurs possibilités. Sans prétendre à l'exhaustivité:

    - blende très rouge comme à La Mure?  La blende est en effet signalée par le BRGM à l'ancienne carrière d'Eyguians (dans les fissures du calcaire; mais noire) et à Laragne près de la ferme de L'Argentière ("mielleuse " ou "rougeâtre");

    - un "argent rouge"?  Le lieu de découverte est en effet assez proche de ce toponyme de "L'Argentière" où il a été trouvé de la galène; mais rien n'indique qu'elle soit significativement argentifère;

    - réalgar, cinabre?  Ces minéraux n'ont jamais été signalés dans ce secteur pour autant que je sache.

    Compte tenu de la taille des cristaux, une identification précise sera difficile sans moyens technologiques avancés. Je précise que l'échantillon a été conservé à l'abri de la lumière, emballé dans du papier, dans un carton fermé, depuis sa découverte. Il n'en est sorti que deux ou trois fois pour de très courtes durées. Ceci pour expliquer comment il a pu conserver sa couleur vive, au cas où cela serait un sulfo-arséniure sensible à la lumière.

     

    Sur les photos, les carreaux du papier mesurent 5mm.

     

     

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  15. Voici la suite de l'étude MNHN.  Je la poste quand même, au risque d'encombrer le forum, car elle me semble intéressante au vu de la discussion que nous avons entamée avec jojo38. En effet, elle montre à quel point les minéralogistes se trouvaient désarmés, pour l'étude des minéraux argileux (et des zéolites, et de nombreux autres minéraux pour lesquels la structure spatiale a au moins autant d'importance que la formule chimique), tant qu'ils n'ont pas disposé de techniques d'investigation permettant de déchiffrer et comprendre ladite structure (diffraction des rayons X, microscopie moderne, etc).  Mlle Caillère était une pointure de la Minéralogie, mais avec seulement une ACP et une ATD elle ne pouvait pas aboutir à un diagnostic  correct.

     

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