Une visite aux anciennes carrières de VILLEBOIS (01)

[Hervé C]

 

Pour agrémenter la visite, j'ai fait une petite synthèse des données généralistes que j'ai collecté sur place et sur la toile, où il y a de très bons articles, écrits par des gens compétents.

 

La pierre calcaire de Villebois, encore appelé localement « Choin » a été formée dès le Bathonien, il y a environ 167.7 à 164.7 millions d’années. Cette couche calcaire dont le grain est très dur et fin, qui n’est pas gélive, est une strate dont la puissance est de l’ordre de 6 à 7m. Son extraction est facilitée par la présence de joints stilolithiques qui divisent horizontalement les bancs calcaires.

 

Cette pierre fut extraite dès l’antiquité romaine, comme en atteste son emploi dans les soubassements de quelques monuments de cette époque, dégagés lors de fouilles archéologiques à Lyon (69).

 

Au moyen âge, les carriers s’établirent sur un secteur appelé La Carriaz, au pied d'un éboulement, le village de Villebois et la plupart de ses hameaux se trouvant en effet en pied de famaise. Ces hommes exploitèrent là, c’est attesté en 1346, des blocs de calcaire pris dans les éboulis, un peu plus ancien que le Choin, d’époque Bajocienne.

 

L’exploitation de la pierre de Villebois pris réellement de l’essor dès le XVIème siècle et plus encore, dès le XVIIIème siècle, alors que les techniques d’extraction, de levage puis de transport allaient en s’améliorant. Le principal débouché fut la ville de Lyon, où la demande en pierre était importante mais également toute la région, où de nombreux ouvrages d’art et de défense furent mis en construction.

 

A Villebois, il y a eu au moins une vingtaine de carrières d’ouvertes. Certaines ont été exploitées par des entreprises de dimension familiale, d’autres de manière plus industrielle. Ainsi, au XIXème siècle, c’est jusqu’à 2 500 personnes habitant Villebois qui ont travaillé en carrière, soit à l’extraction des blocs, soit à leur taille, ou encore à leur manutention jusqu’au fleuve Rhône, moyen de transport privilégié à cette époque, pour le transport de la pierre et de divers pondéreux.

 

Le monument le plus célèbre de Villebois est un monolithe d’environ 12 mètres de haut, qui a été érigé à l’occasion du centenaire de la Révolution française. Ce monument, inauguré entre autres par le Président Carnot, est et reste encore aujourd’hui, la plus grande pierre extraite en carrière française et dressée d’un seul tenant dans notre beau pays.

 

Sur le secteur de Villebois, les carrières ont commencé de cesser leur exploitation dans les années 1940 à 1950, avec un coup d’arrêt final en 1970 : D’autres matériaux moins onéreux et plus faciles à mettre en œuvre étaient à l’origine de cette désaffection pour la pierre de construction. En rive gauche du Rhône pourtant, la même strate calcaire continue de nos jours d’être exploitée, sur les communes de Parmilieu (38) et de Porcieu (38). La pierre qui est extraite de ces carrières peut également être considérée comme étant de caractéristique semblable au Choin de Villebois.

 

La pierre de Villebois est définie comme une roche sédimentaire carbonatée. Elle est considérée comme pouvant être un calcaire marbrier très compact à texture très fine, de couleur blanche à grise. Sur Porcieu et Parmilieu, la pierre peut également présenter des couleurs allant du beige clair au gris foncé à brun, pouvant présenter des nuances gris-jaunes. Cette pierre comporte des marques très spécifiques qui ressemblent au tracé d’un électrocardiogramme. Ces marques sont appelées joints ou pics stilolithiques : Elles sont très facilement repérables sur les bâtiments, ouvrages et monuments construits, généralement positionnées horizontalement, sauf sur les colonnes ou éléments monolithiques verticaux ou les appareilleurs les ont positionnés verticalement dans leur travail de sélection des blocs.

 

Ma visite d’anciennes carrières à Villebois, m'a conduit à en visiter quatre. Ces anciennes exploitations sont aujourd’hui des Espaces Naturels Sensibles (ENS) dont certains paraissent être encore en cours d’aménagement et de sécurisation. Il y a :

-        L’ancienne carrière des Meules. La carrière des Meules présente les différentes techniques d’extraction, appliquées à l’époque, manuelles et mécaniques. Elle conserve les restes d’un ancien bâtiment de forge ;

-        L'ancienne carrière du plateau de l'octave. Sur les dalles calcaires de cette dernière, il est possible d’observer les traces des roues de chars, lesquels étaient utilisés pour le transport de la pierre jusqu’au Rhône. Sinon, s'y trouve un calvaire, dédié à la Sainte Vierge, dont la construction, effectuée avec des colonnes monolithiques, est techniquement  remarquable ;

-        L’ancienne carrière du Mas, située entre le Hameau de Bouis et le bourg de Villebois. La stratification horizontale exploitée est bien visible, aussi bien sur le front de taille “brut” que sur celui qui a été découpé mécaniquement.  Des fragments de carottages, ont été alignés sur deux des gradins du front de taille;

-        L’ancienne carrière de Chaillon, à la sortie du hameau du Bouis. Là comme partout où ils ont travaillé manuellement, les carriers pour extraire les blocs ont creusées des petites cavités à la broche et au bédane entre deux bancs de pierre horizontaux. Ils y ont positionné des coins en acier, pour décoller les bancs de pierre. Ensuite, au moyen de jeux de poutres et de madriers judicieusement disposés, ils ont, par saccades et tractions successives, dégagé les blocs en vue de pouvoir les livrer avec une intégrité la plus parfaite possible, au tailleur de pierre.

[le sablais]

Beau reportage. Merci