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Candide : géomorphologie du Limousin


Zetor19

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Bonjour à tous.

Je suis ignorant de tout ce qui est géoscience mais je m'intéresse à ce qui m'entoure; on m'a en plus affirmé que le ridicule blesse mais ne tue pas, alors … c'est parti ...

Paysage, géologie, géomorphologie du Limousin, de la Corrèze.

Plusieurs questions.

Ce vieux socle érodé est présenté comme une pénéplaine. Pourtant, localement, les topographies sont très tourmentées ! Je comprends l'idée d'une érosion longue et méthodique devant aboutir à une pénéplaine mais je situe très mal l'importance d'autres facteurs.

1)L'importance relative du réseau hydrographique ? Sur l'échelle des ères géologiques, depuis combien de temps ce réseau « marque » t-il le socle de son empreinte ? Est-il responsable a lui seul de certaines petites vallées et versants associés ? Exemple : de quand date le début du creusement des gorges de la Vézère, de la Dordogne ?

2)Le soulèvement alpin a-t-il des répercussions jusqu'au massif central et à son ouest ? La pénéplaine a-t-elle été remaniée (soulèvement partiel, décrochement, jeune faille ?) par cette plus récente poussée ?

3)Au quaternaire, les grand glaciers sont-ils descendus jusque dans le Limousin ? Si oui, peut-on encore constater des restes d'érosion glaciaire (vallée en U ou autre)?

Voilà, ça fait beaucoup de questions ! Je cherche à faire le lien entre les paysages tourmentés corréziens et le concept de la pénéplaine …

Une petite dernière : de quand date la dernière transgression marine de la région (âge des plus récentes couches sédimentaires carbonatées)? Connait-on son extension géographique ?

J'ai été trop long, je crois; si j'abuse, peut-être quelques liens internet pour m'aider à comprendre ...

Merci à ceux qui donneront un peu de leur temps et de leur connaissance.

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Salut,

Pour commencer, un petit éclairage concernant la terminologie : le terme "pénéplaine" est un terme ancien, un peu désuet aujourd'hui, car étroitement associé à la théorie du cycle d'érosion de William Moris Davis (1850-1934), l'un des pères de la géomorphologie. Selon cette théorie, qui obtiendra d'ailleurs un immense succès auprès de l'école française, l'évolution du relief se ferait en 3 étapes selon une vision très anthropomorphique :

1/ "Stade de la jeunesse" : les reliefs se caractérisent par des pentes fortes, sur lesquelles ruissellent torrents et rivières qui creusent et accentuent le relief au sens strict.

2/ "Stade de la maturité" : les rivières continuent à inciser les reliefs tout en élargissant les vallées ; l’énergie des reliefs diminue quelque peu alors que s’instaure un équilibre entre la fourniture de matériaux et leur évacuation vers l’aval.

3/ "Stade de la vieillesse" : est atteint après une longue évolution ; les pentes sont beaucoup plus faibles, au point de créer une topographie très aplanie, la « pénéplaine », dominée par quelques reliefs résiduels ou « monadnocks ».

Comme tu le peux le constater, le terme "pénéplaine" est synonyme de plaine d'érosion, mais cela n'exclut pas la présence de reliefs résiduels s'élevant au-dessus de la topographie aplanie.

Concernant maintenant le Limousin, il se trouve que cette région a été l'objet de nombreuses controverses au sein de la communauté des géomorphologues depuis un siècle. 3 principaux types d'interprétation ont été proposés pour expliquer le relief du Limousin :

- relief de faille, lié à une tectonique cassante d'âge tertiaire ou quaternaire ;

- relief d'érosion différentielle, lié aux contrastes de résistance dans les roches du socle, notamment les granitoïdes ;

- relief polycyclique, lié à un emboîtement de surfaces d'érosion (ou "pénéplaines") de plus en plus récentes.

Plus récemment, des géomorphologues (C. Klein et J-C. Flageollet dans les années 70-80, Y. Lageat en 2000) ont montré que ces différentes interprétations pouvaient très bien se combiner. Voici en substance le consensus actuel : le relief du Limousin serait avant tout le résultat d'un bombement à grand rayon de courbure d'âge tertiaire, contrecoup de la phase pyrénéenne de l'orogenèse alpine. Ce soulèvement tectonique s'est accompagné très localement de rejeux de failles, créant des escarpements de faille.. En réponse à ce soulèvement global amorcé à l'Eocène, une reprise d'érosion sous climat tropical aride (fin Eocène-début Oligocène) aurait provoqué l'inscription d'une surface d'érosion emboîtée à la périphérie de l'aire soulevée, par des processus de pédimentation typiques des environnements semi-désertiques ("pédimentation mésonumulithique"). Une deuxième phase de soulèvement principal serait intervenue à la fin du Tertiaire (Plio-Quaternaire), entraînant une seconde reprise d'érosion correspondant plus ou moins à l'encaissement du réseau hydrographique actuel. Les 2 reprises d'érosion ont favorisé le déblaiement de roches tendres et ont conservé les roches dures en position de reliefs résiduels (phénomène d'érosion différentielle). Les glaciers quaternaires n'ont jamais atteint les plus hauts reliefs du Limousin. En revanche, les processus périglaciaires ont été très actifs au cours des périodes froides du Pléistocène (cryoturbation, cryoclastie, coulées de solifluxion...).

En espérant à mon tour ne pas avoir été trop long, dans le but d'avoir été le plus complet possible...

a+

Géomorpho

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Merci,

non, non, vous n'êtes pas trop long et c'est un plaisir de vous lire.

Un ouvrage rigoureux pas trop ardu dédié à la géomorphologie du Limousin existerait-il ?

J'ai effectivement lu quelques articles courts de Ms C. Klein et Flageollet (sur les Vosges aussi) mais j'étais un peu à l'ouest car le contenu était assez pointu et il me manquait des références.

Un ouvrage du genre, concernant le Limousin, me conviendrait sans doute.

Vincent Bichet et Michel Campy, 2009 - Montagnes du Jura - Géologie et Paysages. NEO Editions.

"Nature, organisation et formation des terrains - Déformation des terrains - érosion et formation des paysages"

Mon lien

Je ne sais pas si le contenu des ouvrages de Bernard Valadas () peut répondre à mes interrogations ?

Des références ?

Merci encore de toutes ces précisions.

La dernière période sous conditions tropicales +- humides se situe donc fin Eocène-début Oligocène ? Ce n'est pas anodin au regard de certains sols rencontrés (pédogénèse particulière : sol à forte couleur orangée-rouge).

Je pensais que beaucoup des failles étaient ductiles et que leurs marques dans le paysage étaient peu significatives (sauf quelques escarpements de failles majeurs et faille d'Argentat). Un rejeu de faille peut atteindre quelle puissance (hauteur?).

Je note que le réseau hydrographique actuel se serait mis en place à la fin du Tertiaire (Plio-Quaternaire) …

OK pour l'érosion différentielle.

Sur la «  pédimentation » , je sèche ; je vais me renseigner.

A+

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