Le Jaspe de Saint-Gervais.
Les bancs de jaspe des Plagnes sont signalés par Donati dès 1751. Jurine est le premier à les étudier.
Le gisement est connu depuis de très longue date. En septembre 1751, Vitaliano Donati note donc, à la suite de sa mission d’expertise dans la région, qu’il est possible de ramasser dans les alentours de Saint-Gervais du diaspro et de la calcédoine de couleurs très diverses. En 1776, Maître Octenier, dans des écrits rapportés par Charles Vallot, signale qu’il y a derrière la paroisse une carrière d'une espèce de marbre dans le creux des ruisseaux. Elle a souvent été examinée et admirée par les curieux et nullement entreprise.
Le gisement est connu de Saussure et de Exchaque (ce dernier est probablement le premier à en vendre des échantillons). Tous les naturalistes de renom visitent alors le gisement : Marty, Berthoud van Berchem, Dolomieu, Jurine, Albanis Beaumont, Lelivec, Brard, et les touristes doivent le visiter. C’est une destination courue, à quelques minutes des bains. Alexis Delaire et un groupe de savants appartenant à la Société Géologique de France l’inspectent sous la direction d’Alphonse Favre en 1875. Stanislas Meunier et ses élèves découvrent la carrière vers 1880 : dès le matin, nous rendons visite à la célèbre carrière de jaspe rouge… Chacun prend de beaux spécimens de cette roche digne par l’aspect de prendre place parmi les brèches les mieux caractérisées.
La mise en exploitation du gîte est dans l’air depuis la fin du XVIIIème siècle, mais comme le regrette Lelivec, on n'en a encore tiré aucun parti. Brard commente : j’ai souvent examiné avec regret un magnifique gisement de jaspe fleuri qui existe en Savoie près de la petite ville de Sallanches, à Saint-Gervais-les-Bains; il est composé d’un beau jaspe rogue de sang, veiné de calcédoine blanche, qui pourrait être exploité avec le plus grand succès puisqu’il est au bord d’une grand route, et qu’on en obtiendrait facilement des pierres fort étendues. Dolomieu qui le visita plusieurs fois aussi, comparait cette couche de jaspe à ce qu’il avait vu de plus beau en Sicile. Jusqu’à présent on s’est contenté d’en détacher quelques échantillons qui sont demeurés dans les collections de minéralogie.
Les beaux affleurements de jaspe triasique de la carrière finirent par être "activement" exploités. Appelée carrière des Plagnes ou du Berchat, elles donnèrent lieu à une véritable industrie du polissage avec scies mécaniques, procédés de polissage à l'aide d'un mouvement de va-et-vient sur une plaque de grès. Elle fournirent d'innombrables vases, presse-papier, montants de pendules, sans compter les douze colonnes du premier étage de l'opéra de Paris et sans certitude des éléments de divers monuments en Haute-Savoie.
Une prochaine énigme est à suivre bientôt.