Il était une fois, une jeune bergère roumaine qui avait épousé un fils de roi, un prince originaire du plat pays qui était le sien, outre Quiévrain, un prince belge, une grande âme, un grand cœur ! Pour ne pas séparer sa Dulcinée de sa famille, de ses parents, de ses amis (d'enfance), de son pays, il se sépara à contre-cœur de son palais et s'en vint vivre dans les Maramures… La bergère, devenue princesse, lui rendait bien son amour, ils vivaient heureux ! Mais, en attendant qu'ils eussent beaucoup d'enfants (ce qui, soit dit en passant déformerait à tout jamais le joli petit corps de la jeune femme (ces jolis fripons deviendront de grands pandarts… refrain connu ! à ne pas confondre avec pandanus) et bien que la princesse lui rendît tout son amour, il manquait cruellement, un petit quelque chose au jeune homme…
Oh non, ce n'est pas ce à quoi vous pensez ! de ce côté-là, il était plus que comblé ! (Ah, fougue de la jeunesse !) Non, ce petit quelque chose qui, dans son cher pays natal, apparaissait comme par enchantement à chaque repas, préparé par de bonnes fées, cuites à la graisse de ch'val, comme Jacques Brel (NON ! suivez un peu, quoi ! ce ne sont ni les fées, ni le grand Jacques qui sont cuits dans la graisse, mais ces oblongues baguettes de section carrée, tirées d'un tubercule mis à la mode par le Sieur de P***).
J'en étais donc arrivé au moment où, le prince, qui ne cessait de répéter à la dive princesse : " Comme vous êtes bonne, ma Roumaine ! " ; et la petite bonne, qui avait tout vu, leur dit : "J' m'en vais le dir' à tou'l' monde ! " Et là, trait de génie de la part du prince : Bonne - poire , poire louise-bonne , poire - pomme , pomme - tartifle ! Aussitôt dit, aussitôt fait !
Mais bien sûr, avant de confier l'engin aux chères petites mains, il convenait de se livrer à quelque essai ! Oui, mais sans gaspiller les précieuses… denrées ! Et c'est à ce moment du récit, mes chers auditeurs bonsoir, qu'il se souvint de ces gisements dont les manants tiraient la terre pour la façonner et la cuire en oulles et autres poteries culinaires, " pouah ! les gueux ! " ; mais tout de même… Il convenait qu’il esseyât !
Il essaya… l'engin tint bien au-delà de ses espérances, il essaya et essaya encore, jusqu'à ce qu'il fut sûr du résultat… Puis, abandonnant les argiles chipées sur place, il revint (40) au château, on festoya dignement en un énorme banquet, son retour et, de ce jour, les petites machines à découper les frites se vendirent comme des petits pains…
Le temps passa sur les mémoires, on oublia l’évènement, seuls les vieux racontent encore à leurs petits-enfants, " Quand margot dégrafait son corsage… " (comment avoir un corps sage à Corfou ?) et que coulait sur son front les perles de rosée que la transpiration y déposait, hardie à la tâche, elle ne pensait qu'aux plaisirs qu’elle allait dispenser à son bon prince, pensez donc: " Des frit' un' fois " !
Mais tout cela était un passé bien oublié et depuis longtemps, jusqu'à ce qu'André le fasse ressurgir ! Merci André ! Et surtout : pardon ! (je n'ai pas su résister).