" En ce moment je travaille en déplacement à Cogolin ("coq au lin" pour les intimes...) ".
Rien à voir, bien évidemment ! Une jolie galéjade juste pour amuser les " estrangers du dehors ", même si les indigènes ont poussé la plaisanterie jusqu'à faire figurer sur les armoiries (modernes) de la ville, un coq avec un brin de lin dans le bec !
On peut y voir un fond de légende : un certain Torpes, chevalier romain nouvellement converti fut martyrisé pour ne pas accepter de renier sa foi, mais le début du châtiment tourna mal, la colonne à laquelle il était attaché pour subir le fouet, s'écroula sur son bourreau. Le fils de ce dernier demanda pour Torpes l'application de la loi contre les parricides : décapité à Pise, son corps fut livré aux flots de l'Arno, sur une barque pourrie en compagnie d'un chien et d'un coq ; c'était un raffinement imaginé pour que l'âme du défunt erre sans fin, puisque sans sépulture, les animaux dévorant le cadavre avant de s’entre-dévorer, la barque coulant avant d'aborder un rivage…
Oui, mais voilà, nous étions fin avril, et c'était sans compter sur le courant ligure et les vents dominants de cette période de l'année (qui soit dit en passant, pour ne vexer personne, rapporte sur les côtes provençales toutes les poubelles des côtes italiennes…) et, à la mi-mai, voilà la barque qui accoste, devinez où ? à l'emplacement du futur St Tropez ! (c'est pour ça qu'il est inutile de raccourcir le nom, Néron s'en est déjà chargé !).
Et alors (comme aime à le répéter mon ami B. R***) le coq s'en va se percher à Cogolin, tandis que le chien (sans doute attiré par l'odeur des tanneries - ce que c'est que le flair des chiens ! s'en va jusqu'au Barjols (qui ignorait encore les tripettes…)
J'aime les légendes, c'est beau !
Mais, comme par hasard, je suis un peu polyglotte et, parmi les langues que je maîtrise, il y a le Provençal… Alors, en provençal coq : gau, du latin gallus (si ça ne vous rappelle rien, gallinacés, gaulois, gallo-romains, … " E, vé ! Gallinette ! Gallinette, mon petit… "[Manon des sources]). Et Cogolin = Cougoulin… un toponyme directement dérivé de la topographie de l'endroit !
Car notre ami José n'aura pas manqué de remarquer que le vieux Cogolin est bâti sur les flancs d'une éminence allongée sise en avancée sur une plaine, une colline armée par un lambeau de mesa basaltique. Coucouluchoun, (ou, en maritime varois, cuquihoun), du latin cuculus : capuchon, qui est un petit cône, un petit sommet… (Je vous fais grâce des prononciations )
Un peu de géomorphologie, décrête définitivement le pauvre volatile ! À+
Si les modos se mettent à polluer les sujets… Mais où va-t-on ? On revient vite au merveilles du Coupet et du Croustet !