Salut, David !
La lecture de Bizafossil dans ce sujet : http://www.geoforum.fr/index.php?showtopic=10135, m'en remémore une, collective, et puis, non seulement il y a prescription, mais, de plus, notre victime est partie depuis longtemps à Santo Repausolo ( = au boulevard des Allongés).
Nous étions peu nombreux, les jeunes, dans ce village mourant, où ne restaient plus que 900 habitants. Il n'y avait pas la télé, fallait bien occuper nos loisirs ! Chance, les saisons étaient marquées !
L'avantage de ce genre de village, c'est la concentration de cas, disons… bizarres, que l'on y trouve : qu'il s'agisse d'originaux natifs de l'endroit, ou de ceux, venus d'ailleurs y trouver refuge et matière à s'épanouir… Notre victime, faisait partie de la première catégorie.
Clément C. était un parfait vieux garçon, qui vivait seul avec sa sœur, une parfaite vieille fille ! dans une petite maison du village. Clément C. avait un langage imagé, un peu chuinté, et largement émaillé de coups de sifflets ; ce qui, à nos yeux de gamins ébahis, rajoutait au drôlesque de sa personne. Propriétaire d'une Juva 4, il en vantait les mérites incontestables en ces termes (où les sifflements émis, seront transcrits " Fui ! ou Fui-fui ! ") :
" Chabès, ô, un pichoun còup des quatriémo qui, Fui ! mi pìqui dóu chouachanto, Fui-fui ! "
Qui en provençal normal donnerait : " Sabès, qu'en passant la quatriemo pouàdi marcha à seisanto ! " mais il francisait seisanto en chouachanto !
Et en français : " Sais-tu que lorsque je passe la quatrième, je peux atteindre les 60 km/h ! "
Tel était Clément C. ! Une nuit (était-ce pendant les vacances de Noël ?) Il était tombé pas mal de neige la veille, à l'époque le froid n'engourdissait pas encore nos neurones : une idée vint !Nous entassons toute la neige de la rue devant la porte, précédée de 3 marches, unique ouverture du rez-de-chaussée de la maison. Le tas de neige dépasse largement la hauteur du linteau de porte. Il ne nous reste plus qu'à espérer, pour juger du résultat de nos menus travaux !
Clément ouvre sa porte, stupeur, il se retrouve devant un mur de neige ! Il n'en était encore jamais, de mémoire d'homme, tombé autant ! Pensez, plus de 2 mètres ! Il appelle sa sœur, pour lui faire constater l'ampleur de la chute, puis décide tout de même d'aller voir comment le reste du village résiste à l'adversité… Pour cela, une issue de secours s'offre à lui : le fenêtre du premier étage ! Je vous laisse deviner sa surprise, nos éclats de rire, les bordées de jurons et injures, et… les avoinées parentales qui suivirent !