Maintenant que l'on a évoqué la protoscience avec la philosophie matérialiste, je voudrais faire une petite parenthèse avant de basculer dans l'épistémologie.
Pourquoi la philosophie matérialiste n'a t-elle plus le droit de cité ?
Parce qu'elle est dangereuse pour la pensée dominante de l'establishment. Un esprit critique, libre et "cartésien" est toujours plus dangereux que celui d'un mouton de panurge.
Platon, l'infame, le philosophe au sang bleu a volontairement ignoré dans son corpus (l'ensemble de son oeuvre) Démocrite et la pensée matérialiste.
Il a également perverti la pensée de Socrate dont la philosophie était uniquement orale. Plus simple : Platon a fait dire à Socrate ce qu'il l'arrangeait.
Comment croire que Socrate était le gentil toutou idéaliste alors même qu'on l'a "suicidé" pour ses idées.
Donc exit Socrate, Démocrite et l'ensemble nommé fallacieusement les Présocratiques (certains étaient comptemporains de Socrates, d'autres lui ont même survécu).
Le pouvoir, Dieu, les croyances handicapantes, les dogmes, la culpabilité des plaisirs : le pli était pris.
Le judéo-christianisme pouvait désormais se mettre en place sans adversaires, sans hétérodoxes.
C'est l'acte de naissance de la scolastique médiévale qui ne tournait en rond qu'autour de la croyance catholique.
Elle s'est également évertué à fusionner cette croyance catholique et la philosophie idéaliste de Platon.
Il fallut attendre la Renaissance et le Siècle des Lumières pour que la Science puisse s'émanciper de la Religion (?).
Epistémologie :
Il n'y a pas plus explicite que la définition donnée par Wiki :
"étudie de manière critique la méthode scientifique, les formes logiques et modes d'inférence utilisés en science, de même que les principes, concepts fondamentaux, théories et résultats des diverses sciences, afin de déterminer leur origine logique, leur valeur et leur portée objective."
Tout est dit.
Comparons cette définition à l'exemple du début sur la synonymie (ou non) entre les genres A-us et B-us.
On remarque qu'un certain nombre de publications dites scientifiques, et le pire, modernes, ne respectent pas les fondamentaux de la méthode scientifique et que parfois elle bidonne les résultats.
S'efforcer d'être "épistémologiquement correct" est un effort de tous les instants, parfois un vrai "Chemin de Damas".
Il faut être sans états d'âme et très critique envers autrui mais surtout et avant tout envers soi-même.
Là je renvoie à la pensée de Bachelard : http://fr.wikipedia....aston_Bachelard
J'ai connu récemment un bel exemple dans un groupe d'étude et de discussions sur la Constitution créé par Etienne Chouard.
Il n'hésite pas à jeter ses observations, interprétations, conclusions et certaines hypothèses à la critique publique et surtout populaire.
Le but :
1: être sur de la solidité de sa pensée
2: éliminer un maximum de bugs.
C'est (en théorie) l'essence même de l'importance des reviewers des articles scientifiques.
Mais ces mêmes reviewers sont-ils épistémologiquement corrects ?
A deux ou trois sont-ils à même de réellement améliorer dans le bon sens une pensée scientifique ?
Non, car l'homme n'est pas le sage imaginé par Descartes et les cartésiens. La raison (raison pure tout de même critiquée par Kant, accordons au moins cela à ce philosophe raciste fortement influencé par la notion de race humaine introduite par le non moins raciste Linné) est typiquement une imagination idéaliste (voir dessus).
Il est communément admis que trois sons de cloche ont définitivement sonné le glas de l'homme, animal doué de raison :
- les théories de Darwin replaçant l'homme dans son animalité naturelle
- la découverte de l'inconscient et du préconscient (moi et surmoi dans la deuxième topique de Freud), forces incontournables avec lesquelles nous devons composer
- le constat de bestialité de l'humanité suite à la Shoah. Où est l'homme doué de raison dans cette sinistre page de l'Histoire ?
Et bien voilà, nous arrivons maintenant à l'anarchisme épitémologique.
A suivre, mais posons dès maintenant que l'anarchisme épistémologique est à l'homme réel ce que l'épistémologie poppérienne est à l'homme idéalisé.