Bon, puisque certains ont fait obligeamment référence aux publications dans lesquelles je suis compromis sur les cristaux de quartz d'Allos, je vais me fendre de quelques précisions (et d'une inscription au forum par la même occasion).
Il y a bien de véritables cristaux de quartz enfumés à Allos, d'un brun très clair et délicat, avec une teinte homogène, évoquant nettement certaines pièces du Mont Blanc ; j'ajouterai toutefois que je me suis longtemps posé la question de la réalité de cette coloration.
Il ne faut pas (et cela est simple) les confondre avec des cristaux comportant des inclusions d'argiles (plus exactement des pénétrations d'argiles) par suite d'une perte d'étanchéité de leurs lacunes de croissance, qui peuvent d'ailleurs être restées ouvertes jusqu'à la fin de la croissance du cristal par suite de sa croissance excessivement rapide, ces argiles étant ici dans tous les cas secondaires et non en inclusions dans les cristaux.
Lorsque une fente comporte de tels cristaux enfumés, tous le sont plus ou moins dans la fissure ; de plus, seuls les cristaux des fissures ouvertes dans les grès comportent cette teinte enfumée, et jamais ceux des fissures des calcaires et marnocalcaires.
Je ne crois pas à Allos avoir jamais rencontré de cristaux dont j'ai pu conclure qu'ils étaient teintés globalement par des hydrocarbures dans leur masse ; les inclusions d'hydrocarbures y sont en effet nombreuses (un coup de marteau sur un cristal et le fort dégagement d'odeur de méthane suffira à s'en convaincre) mais très peu sont colorées, gazs ou liquides : seulement quelquefois des micro inclusions brunâtres d'huile, quelquefois aussi des particules carbonées (?) noirâtres, toujours bien isolées et visibles (il en va sans doute différemment des cristaux des septarias du Jurassique des Hautes Alpes, dont certains pourraient être teintés en brun clair dans la masse, mais cela est toujours difficile à dire avec les enduits d'hydrocarbures plus ou moins solides et la base de calcite sombre, elle même teintée par des hydrocarbures).
Bref, rien qui permette une coloration aussi homogène et dans la masse et les cristaux « profonds », rencontrés lors de terrassements rocheux, n'ont jamais montré un caractère particulièrement enfumé qui aurait pu, comme cela a été écrit ici, résulter de l'absence de perte d'étanchéité avérée des inclusions d'hydrocarbures. J'en conclus logiquement qu'il est vraisemblable que de faibles anomalies radioactives existent dans les grès des nappes alpines internes, ce qui n' a rien ici d'étonnant pour des matériaux gréseux situés dans des bassins péricontinentaux qui sont de plus perméables et peuvent être volontiers le siège de circulations de fluides. D'ailleurs les Grès du Champsaur et leurs équivalents un peu plus internes sont loin d'être stériles sur le plan des minéralisations (BPGC plus ou moins liés aux strates, baryte, etc..) , même si ici les grès des nappes de l'Autapie en sont tout à fait distincts.
A cet égard, je ne connais aucun cristal enfumé des grès de l'autochtone, mais peut-être le cristal des Aravis montré sur ce forum en serait il un exemple (vient il des grès oligocènes ou des calcaires ?).
Par ailleurs, il existe des cristaux de quartz gris, souvent en fantômes, dans les fentes des grès subriançonnais de l'Embrunais, ; il s'agit là de fentes des grès qui se sont trouvées en communication avec les interbancs de marnes schisteuses noires profondément altérées et lessivées par l'ambiance minéralisatrice et qui ont été envahies de « poussières » et parfois même de débris de schistes ; cela conduit à des nuages d'inclusions dans les cristaux, d'ailleurs forts sympa. J'ai entendu à ce sujet des interprétations curieuses (et a priori farfelues) concernant la présence de brookite (???) à l'origine de ce phénomène....
Mais toutefois, rien à voir avec des cristaux enfumés et, de toutes façons, rien de tel à Allos, à ma connaissance.
Voilà, j'espère seulement que ces remarques sont moins enfumées que nos cristaux bas alpins, pardon alpins haut-provençaux.