Bonjour,
Ce n'est pas parcequ'un site a été largement pillé et détruit par de nombreuses personnes, qu'il est normal de se comporter comme elles.
Dans mon secteur je connais quelques ateliers de taille de hache où les ébauches se récoltent par millier. De nombreuses pièces ont servies à remblayer les chemins alentours ou ont finies chez des particuliers.
De mon côté, j'ai pourtant étudié et continue à étudier ce site. Aujourd'hui la colecte sauvage d'artefacts a cessé. Bien qu'il soit aujourd'hui très altéré, j'ai pu tirer d'intéressantes et importantes informations de cet emplacement.
Vous semblez méconnaître le fait que la prospection pédestre peut livrer des informations, même quand il est très altéré.
Il a été démontré par exemple que le dispersement horizontal des pièces en labours reste limité, même sur une longue durée. La localisation précise des objets (carroyage, GPS), et ce même en labours, apporte des informations ( aires spécialisées, concentrations d'objets...)
Il est clair que les méthodes agricoles modernes sont agressives. Toutefois, surtout dans le cas de pièces massives, la plupart des outils restent lisibles. Votre photo est éloquente à cet égard. Ce n'est pas parceque des pièces archéologiques sont menacées à plus ou moins court terme que cela justifie de les ramasser comme on récolte des champignons.
Pour en savoir plus sur la prospection pédestre et les informations que l'on peut en tirer, j’ invite tout un chacun à lire en détail le contenu de mon précédent lien.
André leroi-Gourhan disait d’ailleurs: « On ne fait pas plus de Préhistoire en ramassant des haches polies qu'on ne fait de Botanique en cueillant des salades dans son jardin. »
Vous le dites vous-même, des objets non répertoriés, sans localisation précise, n'apportent rien à l'archéologie moderne. Encore une fois, ce n'est pas parcequ'il y a eu, et qu'il y a encore, des comportements répréhensibles que cela justifie d'agir soi-même de cette façon.
La valeur pécuniaire de ces objets ne m'intéresse pas. Par contre, il est clair que tous ces artefacts "sans papiers" n'ont plus rien à nous apprendre. C'est fort regrettable. Nos musées sont remplis de ces collections du début du siècle, constituées seulement de "beaux objets" non localisés. Aujourd'hui, ces pièces ne servent plus que dans des valises pédagogiques, quand des enseignants ont besoin de matériel pour illustrer leurs cours. C'est dommage, ne trouvez-vous pas?
Je ne doute d’ailleurs pas que vous soyez conscient de tout cela. D'ailleurs je n'ai pas l'intention de faire votre procès, encore moins de faire un procès d’intention. Mon intervention est essentiellement à caractère informatif.
Si vos pièces sont datées, localisées, correctement conditionnées et régulièrement présentées au public c'est déjà très bien, mais insuffisant.
Il n'y a plus qu'un pas à franchir pour déclarer vos collections et demander une autorisation de prospection-inventaire. Des préhistoriens seront certainement intéressés par l'étude de vos séries, puisque récoltées dans des conditions correctes.
Bon we et cordialement,