Pour ma part, ayant une formation de géologue et d'architecte paysagiste, retrouver les indices de Lacroix m'est un peu moins diffile. En effet, il faut avoir une lecture dynamique du paysage (autrement dit comprendre son histoire) et une lecture du sous sol en même temps.
En effet, concernant les topographies, les noms sont souvent légèrement modifiés, car une grande partie du travail de Lacroix se fonde sur des sources orales et non des reports cartographiques. Parfois les ' disparaissent pour faire un nom continue. Ainsi, le col d'Eret est aujourd'hui le col Dret, etc...
Ensuite, les routes ne sont pas les mêmes. Les routes de Lacroix sont parfois de simples chemins communaux abandonnés aujourd'hui !
Enfin, à l'époque du Lacroix la végétation était beaucoup plus rase. Exemple, au début du siècle, il n'y avait presque plus de forêt dans l'Ariège et les alpages étaient complètement surpaturés avec de l'érosion partout. Cela se voit encore sur les photographies aérienne de 1941 (commandées par l'Allemagne Nazi pour connaitre la frontière). En outre, les rares forêts étaient pâturées (donc sous bois clairs sans végétation arbustive). Et en 1940 on cultivait encore la patate à 1200 m d'altitude sur des pentes à 45°, comme au Pérou aujoud'hui ! Plus facile dans ce cas de trouver des indices minéralogiques.
Aujourd'hui, par exemple, les alpages ariégeois sont en pleine recolonisation. Là où Lacroix trouvait de l'herbe et des cailloux, c'est de la fougère aigle, du genévrier ou du rhododendron aujourd'hui. En basse altitude, les anciennes prairies sont des brousses à ronces, noisetiers, prunelliers et divers jeunes arbres ... dur dur ! Dans le 64 et 65, c'est un peu mieux car l'activité agricole a perduré plus fortement.
Quand j'aurai le temps, je vous metrai des photos comparé entre aujour'd'hui et 1900, vous verez, ça loche !
Enfin, quand on lit bien le Lacroix, on s'aperçoit qu'il a finalement peu prospecté lui même. Quand il a écrit sa bible, il travaillait au Museum d'Histoire Naturel de Paris et 80% des échantillons décrits ont été rapportés directement avec communication des origines de sources orales, sans cartographie, ou pire certains échantillons ont été observés dans d'autres collections françaises et européennes. En plus de cela Lacroix a fait quelques expéditions, mais dans des secteurs assez ciblés. Il n'a pas parcouru la France dans tous les sens comme on pourrait le croire.
Frédéric BEC