J'ai trouvé cette article très intéressant, a bientôt
Volcanologie. Sur l'île de Java, les autorités ont décidé d'évacuer en urgence plus de 30 000 habitants.
En Indonésie, alerte maximale autour du Merapi
Les Javanais ont-ils réellement rendez-vous avec le diable ? Depuis près d'un mois, le volcan Merapi, situé à 35 kilomètres au nord de la ville indonésienne de Yogyakarta (800 000 habitants), crache des gaz de plus en plus chauds, de plus en plus sombres, de plus en plus destructeurs, et une explosion du dôme de lave visqueuse qui s'élève en son coeur n'est plus à exclure. «Le magma est à quelques centaines de mètres maintenant, c'est très près. L'alerte est maximale. Je dirais que le risque est de l'ordre d'un sur deux et, si quelque chose doit se passer, c'est dans les jours qui viennent», nous expliquait hier Jacques-Marie Bardintzeff, du laboratoire de vulcanologie de l'université de Paris-Sud, à Orsay.
Poison. Tous les signaux sismiques montrent en effet une activité intense, proche du paroxysme. C'est surtout l'intensification des nuées ardentes crachées par le cratère qui inquiète les experts. Ces masses nuageuses composées de gaz brûlants et de fragments de lave solidifiée sont extrêmement dangereuses. Générées par l'éclatement progressif du dôme de lave, elles dévalent les pentes du volcan à 100, 200, voire 300 kilomètres/heure en carbonisant tout sur leur passage (leur température est supérieure à 500 °C). Impossible d'y échapper. En 1994, une soixantaine de paysans avaient été pris au piège de ces nuages mortels, trouvant une mort atroce.
Pour l'instant, ces nuées ardentes s'étalent sur 2 ou 3 kilomètres, «mais elles peuvent parcourir 10, voire 15 kilomètres», précise Bardintzeff. C'est pourquoi les autorités ont décidé d'évacuer en urgence plus de 30 000 habitants potentiellement concernés. Une opération pas si simple.
Hier, plus de 10 000 personnes avaient été évacuées de onze villages considérés comme exposés. Mais beaucoup d'autres refusaient purement et simplement de quitter leurs récoltes et leur bétail. «Les nuées ardentes s'accompagnent de retombées de cendres. Or la cendre volcanique, c'est comme du verre pilé, ça détruit les récoltes, tue le bétail, empoisonne les hommes...», note le vulcanologue. En 1990, près de 80 000 personnes avaient été recensées dans trente-deux villages de la «zone interdite». On imagine, quinze ans plus tard, l'ampleur du drame possible.
Surveillé. En réalité, le Merapi qui signifie «montagne de feu» ne se calme jamais. Depuis 1548, plus de soixante éruptions ont causé la mort de plusieurs milliers de personnes (1 369 pour la seule année 1930). Ce passé chargé, couplé à sa très grande proximité avec Yogyakarta, explique qu'il soit surveillé de près par les scientifiques, alors que l'archipel indonésien présente une centaine de volcans dont certains restent peu étudiés.