STR Posté(e) 7 août 2018 Signaler Partager Posté(e) 7 août 2018 Quand nous nous promenons dans la nature à la recherche de cailloux nous rencontrons obligatoirement des animaux. Si la plus grande partie de ces derniers appartiennent au groupe des arthropodes, la seconde place revient aux gastéropodes, qui eux appartiennent au groupe des mollusques. Contrairement aux insectes, crustacés, araignées, et autres myriapodes, les gastéropodes se rencontrent surtout morts ! Les coquilles vides qui jonchent le sol de vos endroits préférés ne sont pas le but de ce sujet. Les gastéropodes sont des animaux discrets qui demeurent le plus souvent cachés. Mais parfois, ils se réveillent, tous à la fois, et si nous sommes là, nous constatons que leur nombre est considérable. Et généralement c'est par un temps pourri. Je commence avec Sphincterochila candidissima. Nous sommes dans le chaînon de La Fare, Bouches du Rhône. C'est le printemps, en 2014. Il pleut depuis trois jours et en ce matin du quatrième jour le ciel est encore chargé de nuages et il y a de la brume. Le lieu est situé en contrebas des affleurements du Barrémien calcaire, sur une pente plein sud. Au sol : du cailloutis avec mousse, sédums, et sous arbrisseaux de la garrigue, ici du thym. On remarque tout de suite que ça grouille. Les iules sont se sortie et il y a beaucoup de petites coquilles blanches de Sphincterochila candidissima. En se rapprochant il devient évident que beaucoup sont habitées. Ces deux là sont fort occupés dans une étreinte torride ! On comprend mieux la raison de leur nom avec l'image suivante. Sur les clichée, même pas particulièrement sur exposés ils apparaissent souvent comme des trous blancs. On a l'impression d'avoir photographié une ampoule fluocompacte éclairée. Là le cliché est sous exposé, mais au moins on voit les détails de la coquille. Non loin de là, un peu plus haut, sur les affleurements du Barrémien calcaire. Sphincterochila candidissima n'est pas un nerveux et il faut bien l'observer pour s'apercevoir que l'animal est dans sa coquille , c'est le cas du spécimen en bas à droite. Là je voulais surtout montrer les calcaires construits par des biofilms. Puis, pour une raison qui m'échappe encore aujourd'hui, j'ai eu la surprise de voir une toute petite araignée se positionner sous mon appareil. Puis un iule est arrivé, ce qui m'a donné l'image suivante ; il faut parfois avoir de ces réflexes ! Avez vous remarqué le petit gastéropode au repos, en haut,à droite, au dessus de la fissure ? Toujours dans le même coin. Deux Sphinterochila candidissima en plein travail. Travail de terrassement. En fait, ils sont en train de creuser un trou pour y déposer leur ponte. Je suppose que la ponte a lieu juste après l'accouplement ... Ce qui expliquerai le fait qu'ils creusent juste l'un à coté de l'autre ... Ce n'est tout de même le place qui manque ... Mais il ne s'agit là que d'une hypothèse ... Je sais ; ce n'est pas bien de déranger en plein travail ! Mais je voulais quand même en voir un qui soit un peu réveillé. Le même, de profil. Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Aldebaran66 Posté(e) 7 août 2018 Signaler Partager Posté(e) 7 août 2018 Sympatoche tout ça. Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
elasmo Posté(e) 7 août 2018 Signaler Partager Posté(e) 7 août 2018 Bonne idée que ce post, j'adhère, je mettrais quelques bestioles récoltés dans les fonds de tamis Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Bathollovien Posté(e) 7 août 2018 Signaler Partager Posté(e) 7 août 2018 En tant que malacologue j'adhère TOTALEMENT à ce topic !! :D :D Méfiance car les S.candiddissima sont considérés comme une espèce xerothermique qui aprécie les milieux ouverts et ils peuvent se mettre en estivation, les coquilles vides ne le sont pas toujours La principale menace pour les escargots est la dessication. Deux stratégies d'adaptation au milieux ouverts sont observables pour cette espèce : la coquille très blanche renvoie les rayons du soleil et la forte épaisseur permet de protéger la bête de la chaleur. Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
STR Posté(e) 8 août 2018 Auteur Signaler Partager Posté(e) 8 août 2018 Il y a 19 heures, Bathollovien a dit : En tant que malacologue j'adhère TOTALEMENT à ce topic !! :D :D Méfiance car les S.candiddissima sont considérés comme une espèce xerothermique qui aprécie les milieux ouverts et ils peuvent se mettre en estivation, les coquilles vides ne le sont pas toujours La principale menace pour les escargots est la dessication. Deux stratégies d'adaptation au milieux ouverts sont observables pour cette espèce : la coquille très blanche renvoie les rayons du soleil et la forte épaisseur permet de protéger la bête de la chaleur. Merci à tous. Et, en ce qui concerne mon hypothèse d'une ponte qui suit immédiatement l'accouplement, est-elle juste ou est-elle fausse ? Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Kayou Posté(e) 8 août 2018 Signaler Partager Posté(e) 8 août 2018 accouplement et ponte : Les escargots sont hermaphrodites, c'est-à-dire à la fois mâles et femelles, ils s'accouplent pour échanger des spermatozoïdes (cellules reproductrices mâles). Ils ne s'autofécondent pas. Les préludes "amoureux" peuvent durer une ou deux heures, les deux partenaires se titillant les antennes et se "poignardant" avec un dard en calcaire finement ciselé. L'accouplement suit pendant une dizaine d'heures. Puis, en moyenne une dizaine de jours plus tard, chacun d'eux pond en faisant un trou dans de la terre meuble et un peu humide Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Bathollovien Posté(e) 8 août 2018 Signaler Partager Posté(e) 8 août 2018 Je ne connais pas spécialement la cycle de reproduction des Spincterochila (je peux chercher) mais en général chez les escargots la ponte ne s'effectue pas directement après l'accouplement (qui lui est long) il faut attendre 5 à 10 jours en fonction des espèces Ah @Kayou a été plus rapide que moi ^_^ Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
gryph58 Posté(e) 8 août 2018 Signaler Partager Posté(e) 8 août 2018 Bonne idée ce nouveau sujet. Juste une ptite photo de deux escargots de Bourgogne en train de se faire des bisous baveux pour illustrer ce qui vient d'être dit. Vous l'aurez deviner vert comme ça ce n'est pas une photo récente ! ( région de Mâcon mai 2014) Ici il y a longtemps qu'on n'a pas vu le moindre gastéropode tellement c'est sec ! Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Bathollovien Posté(e) 8 août 2018 Signaler Partager Posté(e) 8 août 2018 Helicigona lapicida (Linnaeus, 1758) Sur un rocher à Beaufort (73) Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
elasmo Posté(e) 9 août 2018 Signaler Partager Posté(e) 9 août 2018 Coquille vide Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Bathollovien Posté(e) 9 août 2018 Signaler Partager Posté(e) 9 août 2018 il y a 46 minutes, elasmo a dit : Coquille vide Ça vient d'où ? Si O, S et centre de la France on a le choix entre Helicella itala et Cernuella neglecta si plus à l'E (Alsace, Jura, Alpes) il y a aussi Xerolenta obvia Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
elasmo Posté(e) 9 août 2018 Signaler Partager Posté(e) 9 août 2018 Vexin francais Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
elasmo Posté(e) 9 août 2018 Signaler Partager Posté(e) 9 août 2018 Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Bathollovien Posté(e) 9 août 2018 Signaler Partager Posté(e) 9 août 2018 A priori Helicella itala mais la différence avec C.neglecta est très difficile sans disséquer Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
elasmo Posté(e) 9 août 2018 Signaler Partager Posté(e) 9 août 2018 Impossible ici coquille vide Tiens au fait pourquoi ne trouve t'on jamais de gastéropode mort, toujours soit vivant soit une coquille vide, et jamais d'intermédiaire, prédations ou autres ? Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Bathollovien Posté(e) 10 août 2018 Signaler Partager Posté(e) 10 août 2018 Il y a 12 heures, elasmo a dit : Tiens au fait pourquoi ne trouve t'on jamais de gastéropode mort, toujours soit vivant soit une coquille vide, et jamais d'intermédiaire, prédations ou autres ? C'est une bonne question :) C'est lié à leur nature, ce sont des animaux à corps mou composé en grande partie d'eau, quand ils meurent ils ont tendance à se rétracter dans leur coquille puis sécher et cela fait un truc petit tout noir et sec dans le fond de la coquille. Par ailleurs, lorsqu'ils meurent ils peuvent aussi se faire manger par des insecte. Ensuite tu as des traces de perforations (insectes principalement) ou des fragmentation de la coquille (mammifères & oiseaux) mais c'est efficace donc ils arrivent à sortir complètement l'animal ou bien à le manger directement Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
elasmo Posté(e) 10 août 2018 Signaler Partager Posté(e) 10 août 2018 Merci je n'avais pas pensé à la rétractation au fond de la coquille Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
STR Posté(e) 10 août 2018 Auteur Signaler Partager Posté(e) 10 août 2018 Bonjour. Moi, j'en vois de temps en temps. Surtout Helix aspersa. Dans une flaque, morts noyés après une forte pluie, comme hier. Ils sortent au maximum de leur coquille, gonflent, et blanchissent. Mais je ne sais pas si j'ai une image. Autrement, j'ai ça. Toujours après une forte pluie qui a laissé un dépôt d'argile au bord d'une vigne. Le lendemain matin. Une trace d'arthropode ... de plus prés. de plus prés. Une trace de lutte (sur la gauche de la première image). Une trace de fuite désespérée (sur la gauche de l'image précédente). La victime, inconsciente (sur la gauche de l'image précédente) : Helix aspersa. Apparemment décédée il n'y a que quelques heures. Une vue d'ensemble de la scène du crime ... le coupable présumé : Lampyris noctiluca . Dans cette petite vidéo glanée sur le net, vous pouvez le voir à l'oeuvre : https://youtu.be/JmLH3FZjjgk Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
gryph58 Posté(e) 10 août 2018 Signaler Partager Posté(e) 10 août 2018 Excellente cette histoire de scène de crime avec traces dans la boue ! Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
gaeldeploeg Posté(e) 10 août 2018 Signaler Partager Posté(e) 10 août 2018 Il y a 5 heures, STR a dit : Apparemment décédée il n'y a que quelques heures. Mort par hydropisie Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
STR Posté(e) 10 août 2018 Auteur Signaler Partager Posté(e) 10 août 2018 Lorsque j'ai fait ces photos, j'ai pensé très fort à ce que l'on trouve dans le permien ou le trias, ou d'autres étages. Je me suis dit que si Helix aspersa ne s'était plus trouvé au bout de sa pistes ( dérobé par un autre animal, par exemple), je n'aurais absolument pas réussi à savoir ce qui s'était passé, ni à qui appartenaient ces pistes. Et là, nous sommes dans de l'actuel ! Alors, imaginez que chacune des premières images soit une plaque datant de quelques dizaines ou centaines de millions d'année ... En paléoichnologie c'est l'interprétation qui est ardue : il est très rare de trouver l'auteur en bout de piste, il est aussi possible que l'on ne soupçonne même pas son existence. Et plus les traces sont anciennes, plus ces obstacles prennent de l'importance ! Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Bathollovien Posté(e) 10 août 2018 Signaler Partager Posté(e) 10 août 2018 Géniale cette histoire STR Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
jjnom Posté(e) 11 août 2018 Signaler Partager Posté(e) 11 août 2018 Mon client, Mr Lampyris m'a confié sa défense dans le cadre de l'assassinat présumé de Mr/Mme Helix. Le procureur STR au vu d' empreintes laissées dans la boue affirme qu'il s'agit de celles laissées par un arthropode. Sur quoi se base t'il pour affirmer cela? Puis que Mr Lampyris est, parmi les arthropodes, celui qui est tout désigné car, dans sa famille, il y a eu des précédents. Puis-je me permettre de remettre en question les conclusions de l'accusation? Si nous examinons ces empreintes, on peut constater qu'elles sont fortement dissymétriques. Ainsi que celles qu'auraient pu laisser un véhicule transportant une charge mal équilibrée. Genre coquille posée de travers par rapport au sens de déplacement... Ici, une photo d'une cousine de la victime, Mme Littorine, et de l'empreinte laissée par celle-ci. Les empreintes relevées ne seraient-elles pas celles laissées par la victime elle-même? Un arthropode aurait probablement laissé une empreinte différente de celle que nous observons ici. En vertu de la présomption d'innocence et dans l'attente d'une reconstitution, je réclame la mise en liberté conditionnelle de Mr Lampyris. Plaise à la cour. Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Bathollovien Posté(e) 11 août 2018 Signaler Partager Posté(e) 11 août 2018 Objection votre honneur ! Le playdoyer de Maître jjnom n'est qu'une énième stigmatisation du groupe des mollusques marins! Mme Littorine n'a strictement rien à voire là dedans ! Néanmoins, et contre toute attente, Maître jjnom soulève un problème purement cinétique qui mérite d'être examiné. De tout temps les escargots, n'ont cessé d'avoir un poids relativement léger, or dans une argile compacte mais certes relativement humide il faut exercer une pression suffisante pour que la coquille marque l'argile fraîche. Il devrait donc s'agir d'un prédateur d'une taille conséquente. L'Association des Mollusques Discriminés que je défend se constitue partie civile et réclame davantage d'élément à la Cour et que toute la lumière soit faite sur ce tragique événement ! Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
jjnom Posté(e) 11 août 2018 Signaler Partager Posté(e) 11 août 2018 L'avocat de la partie civile suggère que l'assassin pourrait être plus lourd que mon client. Il parait donc qu'un complément d'instruction s'impose. Nous demandons à ce que le service chargé de l'instruction se transporte sur le site à la prochaine pluie pour récolter les éléments complémentaires qui s'imposent. L'assassin ne revient-il pas souvent sur les lieux de son crime? Et comme dit Dany: "Pinses à printe tin Kway!" Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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