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bipede ou quadrupède l'iguanodon de Bernissart


ANDRE HOLBECQ

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IGUANODON BERNISSARTENSIS  QUADRUPEDE

OU LE FINALISME AVANT L HEURE

Très impressionnants ces Iguanodons de Bernissart dressés sur leurs pattes postérieures tels des kangourous  géants.  Le problème est qu’ils étaient essentiellement quadrupèdes, non pas bipèdes comme ils sont montrés à Bernissart et à Bruxelles.

Il faut que je vous dise qu’à 7 ans, le petit garçon que j’étais, visitant le Musée Royal d’Histoire Naturelle de Bruxelles lors de l’Exposition Internationale, avait déjà eu la puce à l’oreille. En effet, habitué à observer vaches et chevaux à la campagne, j’avais déjà remarqué les phalanges unguéales des  2è,3è,4è doigts de la « main » de forme élargie rappelant la forme des sabots de nos équidés  et bovins actuels. Comme tous les gosses, j’eus alors l’idée assez classique chez les enfants de demander à mon Père ; « on dirait qu’ils ont des sabots aux mains, alors pourquoi les mettre en position de cheval cabré ? »

A l’époque (1958) il n’y avait pas encore  dans un recoin, à l’étage,  un exemplaire monté en position quadrupède ! Mon Père comptable de profession, m’avait répondu : « s’ils les ont mis comme ça, c’est qu’ils ont leurs raisons ! » L’art et la manière d’éluder quand on ne sait pas, mais que pouvait- il dire d’autre ?  Même les paléontologues de l’époque ne contestaient pas Louis Dollo. Plus tard, élève à L’Ecole Normale, je formai mon sens critique et osait contredire quiconque dès que j’observais une  erreur ou une faute, bien sûr en argumentant avec des faits.

En 1980 le paléontologue David Norman publiait  son livre dans lequel, 22 ans plus tard, je trouvais la « substantifique moelle » confirmant mon idée de gamin de 7 ans et surtout me donnait une foule d’observations et d’arguments réglant définitivement la question. Mes visites, entre temps, dans des Musées anglais, notamment Oxford et Cambridge apportèrent de l’eau au moulin, ainsi que quelques livres belges de G.E.Quinet, de Casier (1978), de P.Bultynck (1989) et enfin le mémoire de David Norman (1980).

Pour en avoir discuté  un jour avec Philippe Taquet qui me disait que Louis Dollo ne pouvait pas avoir fait du finalisme parce que ce concept n’existait pas à son époque, j’aurais quand même tendance à penser que, si moi-même, à 7 ans, je faisais de l’actualisme sans le savoir, puisque j’appris cette démarche paléontologique bien des années plus tard, on pouvait quand même concevoir, non pas historiquement, mais actuellement ou dans l’absolu, Dollo a bel et bien fait du finalisme, comme Monsieur Jourdain faisait de la prose sans le savoir.

Et pourtant, on peut même lui reprocher beaucoup plus en traficotant les montages de façon tout à fait consciente et volontaire, parce qu’il ne s’est pas tenu à respecter les découvertes des iguanodons gisants que l’on peut encore observer à Bruxelles. Précisément IB IRSNB 1561, dès 1905, révèle une colonne droite comme Dollo lui-même l’écrit :  « des ligaments, muscles dégénérés, qui étaient destinés à donner une grande rigidité à la partie de l’épine dorsale qu’ils recouvraient, notamment à la queue.. » Les N° 19, 12,8,6,16  dans la vitrine des gisants montrent clairement des vertèbres caudales en connexion et une colonne vertébrale droite, certainement pas incurvée à l’extrémité. Je précise que ces ligaments ossifiés concernent de la 10è cervicale à la 20è caudale.

Alors comment expliquer la courbure de la queue de l’exemplaire dressé sur laquelle on observe très nettement deux cassures de la queue avec en conséquence des épines neurales se touchant, ainsi que des écarts de dislocation vertébrales, des épines neurales se chevauchant . Evidemment l’anatomie crie au faux !

Et s’il n’ y avait que cela! D’autres observations imposent la quadrupédie : 

1/ l’articulation de la tête en angle droit avec les cervicales est fausse car là encore  il existe une dislocation bien visible , et le basioccipital n’est pas dirigé vers le sol mais vers l’arrière.

2/le ratio des longueurs des membres antérieurs sur celle des membres postérieurs. Si  R<1,45 cela implique une quadrupédie et c’est le cas d’Iguanodon bernissartensis adulte (1,43).   Notons que Iguanodon atherfieldensis avec  1,97    est donc bipède. On peut aussi penser que I.B. juvénile était plutôt bipède, en croissant il s’alourdissait dans la partie antérieure et finissait par changer  son équilibre.

3/dans la ceinture scapulaire il existe un os supplémentaire , situé entre les plaques sternales et les coracoïdes : l’intersternal qui renforce cette ceinture qui supporte un poids lourd à l’avant.

4/la « main » d’Iguanodon bernissartensis est plus forte, moins longue, plus massive  aux phalanges unguales élargies en forme de sabots et caractérise une patte porteuse. Les métacarpiens et les phalanges  s’étalent et celles-ci sont tors, comme chez nos ongulés actuels.

5/ le poignet est constitué d’os soudés, il est massif, et correspond à une patte porteuse

6/ les os du bras sont bien plus forts chez I.bernissartensis que chez I.atherfieldensis ou maintenant appelé Dollodon bampingi.

7/ une célèbre piste d’empreintes de pas d’iguanodons anglaise associée à celles d’un allosaure  démontre la quadrupédie avec des empreintes postérieures très marquées et des antérieurs un peu moins marquées.

            Alors pourquoi Louis Dollo s’est il amusé à faire de faux montages aussi grossiers ?

            A l’époque il fallait financer les travaux d’extraction et de montage des squelettes et pour cela impressionner le public et le faire venir nombreux. Dollo a pensé que tel un ours dressé apparaît plus menaçant et puissant, les iguanodons seraient beaucoup plus impressionnants en position bipède. Il a d’ailleurs travaillé en présence des squelettes d’un casoar et d’un wallaby. C’est tout simplement cela qui a guidé sa pensée à l’époque. Mais il savait très bien ce qu’il faisait, ce qui le différencie de Mr Jourdain qui, lui, faisait de la prose sans le savoir. Ceci dit pour  répondre à une explication paternelle insatisfaisante,  59 ans plus tard…  Et au nom du bon principe de réfutation et du sens critique indispensables en sciences.

 

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